Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

jeudi 31 mars 2011

"Le pays de l'absence" Christine Orban

 
"Je préfère mon agacement au renoncement"

"Tu as toujours été cette mère-enfant qui me racontait ses frasques qui me gênaient : "Je ne peux être ni ta confident ni ta complice, je suis trop jeune, cela me fait de la peine pour papa".
J'ai joué tard à la poupée. Tu te moquais. Je jouais à être une maman différente, puis j'ai juré que je n'en serais pas une parce que c'était trop difficile.
Comment être mère quand on n'a pas été enfant ?
J'ai résiste longtemps. Je ne pouvais donner la vie alors que j'étais pas finie. Une mère doit aider à devenir adulte, je ne suis pas une adulte parce que je n'ai jamais été une enfant. Insouciante : longtemps, je n'ai pu écrire ce mot. Il ne me va pas ce mot, il ne me convient pas. Le principal danger était d'être mère de filles; les mères font souffrir leurs filles"

Enfin un livre réaliste sur les relations parents souffrants et enfants. En ce moment, pas mal d'écrivains, de people écrivent sur leurs parents. Surtout quand ils sont malades. En général, ces parents sont forcément des parents géniaux, des semi dieux et l'auteur du livre le super héros toujours à la rescousse du parent souffrant. Toujours des livres larmoyants, limite guimauve. Des exemples flagrant, le livre de la fille d'Annie Girardot, Patrick Sébastien... 

Par contre ils sont rares les livres lucides dans ce domaine. Le livre de Christine Orban en est un exemplaire. J'avais peur de tomber dans le travers du livre pour mémère mais cela n'en est rien. Quand la fille et la mère ne s'entendent pas avant la maladie, cette dernière peut être un révélateur de souffrances, de non-dits. Cela peut entretenir un terrain propice aux règlements de comptes. Christine Orban n'hésite pas. Sa mère l'a toujours délaissée au profit de sa sœur Corinne durant toute son enfance.

 "Une boucle. Chaque parcours est un cercle avec des étapes différentes. 
Tu ne m'as pas épargnée quand à mon tour, j'ai eu besoin d'être écoutée. Notre mode de relation ne le prévoyait pas. Tu as été une mère pour ma petite soeur, une fille pour moi".

Maintenant que l'Alzheimer est diagnostiqué, Christine fait le bilan de ces rendez vous manqués de sa souffrance d'être la fille de sa mère.  Un livre lucide et tout à fait réaliste.

"On a du mal à être heureuses ensemble. Je ne sais pas pourquoi. On y arrive pas. Même quand on le veut l'une et l'autre"

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