Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

dimanche 26 décembre 2010

"Maman" Isabelle Alonso

ATTENTION CHEF D'OEUVRE !!!!

Je ne sais pas par ou commencer pour décrire ce que je ressens quand je pense à ce livre. Dire que ce livre est un livre bouleversant c'est un euphémisme. J'en ai encore les larmes aux yeux rien que d'y penser et rares sont les livres qui me mettent dans un tel état émotionnel.

Il est vrai que j'avais peur de le lire. Le genre de bouquin sur les relations mères filles est souvent accompagné de pathos de convenance. De situations larmoyantes, je croyais le pire.

J'étais pourtant attiré par ce livre, ayant lu les anciens livres d'Isabelle. Aimant bien la personnalité de l'auteur. J'ai donc sauté le pas. Et je ne le regrette pas.
C'est un livre magistral sur la mort de la maman. Une maman vieillissante qui dès son infarctus, ne fait que tomber, perd son autonomie au grand affolement de ses enfants. La maman qui était le centre de la famille s'éteint petit à petit.

Isabelle nous fait part de son parcours. Elle n'épargne personne, ni le personnel soignant sans cœur, le premier exemple :

"La doctoresse sourit, non, non, ça ne se fait plus ce genre de chose, on n'ouvre plus, on incise l'aine, on pose dans l'artère une minuscule spirale qui s'ouvre quand elle arrive dans le coeur, écarte les parois, résorbe l'infarctus et voilà maman repartie pour des années... Je crois entendre un garagiste me parler d'un joint de culasse ou d'une durite. C'est ma mère, non de Dieu, faut pas me la réparer, faut la soigner, avec respect, doigté, délicatesse, pas me la rapiécer comme une mécanique d'occasion".

Et cela sera une longue série d'autres descriptions... Entre le manque de tact, les maltraitances envers les personnes âgées dans les maisons de retraites et les hôpitaux.  C'est rare de le trouver, généralement dans ce genre de livre on est plutôt tendance à trouver des excuses aux personnels soignants voire de les mettre sur un piédestal. On reconnait là l'esprit de l'auteur, Isabelle n'a jamais l'habitude d'avoir sa langue dans sa poche.

Ce livre m'a pas seulement bouleversée par le destin de la maman d'Isabelle mais il m'a émue car j'ai redécouvert Isabelle.

Isabelle Alonso était (avant la lecture de ce livre) pour moi l'exemple de la femme forte, libérée. Une combattante, un exemple même.  Une femme qui m'impressionnait par ses combats féministes. Maintenant (après la lecture), j'ai une réelle tendresse envers cette femme qui peut être aussi fragile. Une femme qui a des trésors de tendresses. Durant toute la lecture, j'ai eu même envie de la protéger, de la consoler.  C'est ça je pense qui m'a émue plus qu'autre chose. 

Ce livre m'a chamboulée et je le conseille à tout le monde.  Un livre formidable et sensible. Une lecture facile. On est émus aux larmes mais on ne fait pas que pleurer, on se surprend à sourire, on s'indigne... On est les témoins du combat d'une fille pour la dignité de sa mère... 

C'est le plus beau livre qu'Isabelle ait pu écrire et je peux crier haut et fort que c'est un chef d'œuvre. Un livre à lire et à offrir....

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