MONDE EXTÉRIEUR
Il y a quelque chose de mort au fond de moi
Une vague nécrose une absence de joie.
Je transporte avec moi une parcelle d'hiver,
Au milieu de Paris, je vis comme au desert.
Dans la journée, je sort acheter de la bière
Dans le supermarché il y a quelques vieillards
J'évite facilement leur absence de regard
Et je n'ai guère envie de parler aux caissières.
Je n'en veux pas à ceux qui m'ont trouvé morbide
J'ai toujours eu le don de casser les ambiances
Je n'ai à partager que de vagues souffrances
Des regrets, des échecs, une expérience du vide.
Rien ne m'interrompt jamais le rêve solitaire
Oui me tient lieu de vie et de destin probable.
D'après les médecins, je suis le seul coupable.
C'est vrai j'ai un peu honte, et je devrais me taire :
J'observe tristement l'écoulement des heures :
Les saisons se succèdent dans le monde extérieur.
Michel HOUELLEBECQ P 177
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