Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

dimanche 23 octobre 2011

"Laissées pour mortes" Rahmouna SALAH-Fatiha MAAMOURA

Témoignage recueilli par Nadia Kaci... 

Le lynchage des femmes de Hassi Messaoud.


En ces temps ou l'obscurantisme revient notamment dans le traitement des femmes. Que cela soit par les occidentaux (ou désormais une violeuse est une mythomane, on l'a constaté à deux fois), soit par les moyen orientaux...

Ce livre-document raconte le lynchage de femmes venues travailler dans la ville du sud de Hassi Messaoud. Le livre débute par le destin d'une d'entre elles, Rahmouna. Son enfance, son adolescence puis ses mariages arrangés entre familles. Ses répudiations par ses maris successifs, la laisse seule sans argent, sans logement avec trois enfants en  bas âge. Un fils et deux fillettes. Elle entend dire qu'à Hassi, des femmes dans son cas trouvaient du travail. Elle y va et elle trouve effectivement un bon travail. Se noue d'amitié avec d'autres femmes, notamment Fatiha. La solidarité entre femmes, le courage font qu'elles réussissent mieux que les hommes. Rahmouna avait pu s'acheter un terrain pour y bâtir sa maison.

Cette réussite attise donc des jalousies, des ragots et va même pousser un iman à lancer un appel au lynchage, au massacre de ces "prostituées". Ordre appliqué dès le soir même du prêche. Les survivantes de ces exactions doivent leurs vies par un seul geste... Faire la morte... Elles sont transportées à l'hôpital, sont laissées à l'abandon, dormant à même le sol dans leur sang...Personne pour les aider. Les autorités font même la sourde oreille, font tout pour étouffer l'affaire... Certaines traumatisées ne porteront jamais plainte mais d'autres au contraire porteront plainte. Pour ces dernières le cauchemar continue, répudiées par leurs familles car étant violées, elles ne sont plus dignes d'elles et aussi montrées du doigt par les autorités, elles auront des difficultés pour retrouver du travail.

Un combat qui n'a pas était vain dans un sens, car elles ont été reconnues victimes mais leurs bourreaux ont eu des sentences bien complaisantes. Un choc...

Quand on a fini ce livre, on ne peut qu'avoir mal de partout. On ressent les coups physiques portées à ces femmes et les coups "psychologiques" aussi. On est effarés de voir comment le machisme peut aller si facilement à l'horreur. Une horreur quotidienne et "naturelle" pour les gens de l'Algérie. Personne ne s'est offusqué de ce lynchage. Tout a été étouffé... On en aurait rien su si ces deux femmes n'avaient pas fait témoignage de leur combat et de leur calvaire.

Un livre qui devrait trouver sa place dans les listes de lecture des lycées. Afin de montrer aux jeunes filles qui veulent porter par provocation le voile qu'elles sont loin d'être des martyres de la république, "d'un état fliqué" (ce qu'elles en disent) , qu'elles ont le choix de subir ou de ne pas subir. D'être vigilant, de ne pas supporter ni tolérer un seul manque de respect. Mais c'est pas évident, quand on sait que des jeunes filles sont obligées de porter le pantalon pour ne pas être importunées par "les grands frères" ou sont objets de violences (tournantes, filles embrasées etc...)... Cela commence toujours par des petites incivilités puis au fur et à mesure, cela s'aggrave... Ce livre est donc nécessaire pour alerter les consciences, que cette horreur ne se déroule pas chez nous.

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