Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

dimanche 3 juillet 2011

"Nada exist" Simon LIBERATI

Dans une vie d'écrivain, le second livre est toujours le plus traite, celui que les critiques attendent avec impatience, afin de vérifier si le fameux jeune novice qui  les avait ébloui par un premier roman a vraiment du talent.

Après l'éclatant "Anthologie des apparitions" que j'aurais nommé volontiers "Les anges foudroyés" tel un clin d'oeil à une émission des années 80. Cette jeunesse fragile broyée par les ans, le Sida, les paillettes, la pseudo facilité de vivre. Un roman quasi prophétique quand on voit tous ces jeunes faisant la queue pour assister à des castings pour téléréalités.

"Nada exist" narre la traversée du désert de Patrice, un ancien photographe qui a eu son heure de gloire. Il était une référence, un homme surchargé de travail, recherché. Mais du jour au lendemain, trop de sexe, trop de drogue, il plaque tout et se retrouve dans la campagne, dans une bâtisse qui tombe en ruine flanqué de Didine sa femme atteinte d'un cancer en stade terminal, de ses beaux parents et aussi d'un ami-ventouse, Ahmed, un homosexuel toxico. 

On passe cinq heures avec lui. 

Patrice a rendez vous avec une ancienne maitresse au Novotel à Paris, Lukardis. Comment faire pour la rejoindre sans éveiller les soupçons du beau père ?  Mais veut il VRAIMENT aller retrouver Lukardis ??? Que veut il réellement ?

Simon écrit sublimement sur le désarroi, le vide, le non être. Patrice ne vit pas. Il n'est pas encore en enfer, il est au purgatoire. Il n'a envie de rien, il subit plus qu'il agit. Son seul contact avec l'extérieur, son portable. Sa vraie planche de salut.

Un livre qui se lit lentement, qui ronge le lecteur de l'intérieur. On en fini nous même par être vidé. On sombre avec le personnage jusqu'à cette fin surprenante. Patrice aura l'énergie du désespoir pour s'en sortir...

Un beau personnage que Nourissier lui même n'aurait pas renié. Les lâchetés, la tendance autodestructrice ...

Un vrai voyage au bout de la nuit de l'être, une découverte de la phase cachée de l'astre. Celle qui est dans l'ombre. Passionnant...

« Le Mal ne relève pas de l'ordre de l'être : c'est du non être, ce qui n'est pas la même chose que le néant»

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