Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

samedi 16 juillet 2011

"L'EGLISE" Louis Ferdinand DESTOUCHES (alias CELINE)




"L'Eglise" est le premier écrit (après les carnets du cuirassier Destouches parus en 1959) officiel de Louis Ferdinand DESTOUCHES (pas encore CELINE). Il a été écrit en 1926 et paru en 1933, un an après la parution du "Voyage au bout de la nuit".

L'Eglise est une pièce de théâtre en cinq actes... Un rêve enfin réalisé par le Docteur Destouches. Il en fait part via son personnage Bardamu :"Ah  bien ! Il faut que je le sache... Tenez, voyez vous, moi j'aurais aimé faire du théâtre, à en écrire plutôt». 

Non vous n'avez pas rêvé, Bardamu fait ainsi sa toute première apparition dans le sérail littéraire dans cette pièce en 5 actes... Chacun dans un endroit différent.... Premier acte Dans un dispensaire d'une colonie africaine. Le second à New York. Le troisième (tout à fait hilarant) à la fameuse SDN (Société Des Nations). Le quatrième à Blabigny sur Seine. Le cinquième dans la même ville après avoir transformé le bistrot en... hôpital.

Je dirais même plus c'est mieux qu'une pièce de théâtre, j'avais l'impression d'avoir le dossier Prénatal de Céline. Destouches était enceint de ce monstre littéraire Céline. Tout y est. La vision désabusée de la vie. Les rapports entre races différentes (surtout avec le petit nègre du premier acte). Son amour pour les pauvres, son ironie par rapport aux riches. Céline dénonce déjà les magouilles parmi les privilègiés accros à leurs petits passe-droits (à la SDN). On retrouvera le courageux docteur qui fera tout pour soigner les pauvres et ce dans toutes les conditions incroyables ! Le bistrot devenu secrétariat médical, avec Pistil le barman en secrétaire médical... Tout est dans l'ironie bien sur, mais pas tant que ça...  Le monstre Céline était en train de murir dans les pensées de Louis Ferdinand. Sans oublier son penchant pour les belles femmes, aux belles jambes et si elles sont danseuses c'est parfait...

On est loin encore des joutes verbales, de cette explosion textuelle qui caractèrise la plume de Céline mais les sujets récurrents sont déjà bien enracinés.  Vraiment, quand je vous dis qu'on ne lit pas une pièce de théâtre, on regarde une échographie, je ne suis pas loin de la vérité. 

Si vous aimez Céline ou que vous le redécouvrez, ne passez pas à côté de ce livre... On en apprend beaucoup sur le personnage. Qui était loin d'être sinistre, bien au contraire...

«La science, voyez-vous, madame, c'est pas si brillant qu'on le  dit ; j'en suis bien revenu... La science au fond, c'est essayer de comprendre, et si on tient tant que ça à comprendre, je suis arrivé à penser que c'est qu'on a peur de tout. Les animaux ne cherchent pas à comprendre, voyez-vous, c'est parce qu'ils n'ont pas si peur que nous. Nous, nous avons une frousse terrible, de la naissance à la mort ça ne nous quitte pas. Alors, ça nous force à penser, à faire de la science, comme ils appellent ça. Les plus intelligents parmi les hommes, ce sont les plus froussards. Voyez les  Juifs ! Ce n'est pas l'intelligence qui est noble, c'est la peur. Faire dans sa culotte, voyez-vous c'est le commencement du génie.»

Quand je vous dis que Céline était bien formé et n'attendait que le signal pour naitre et s'épanouir....

Aucun commentaire:

LinkWithin

Related Posts with Thumbnails