Le résumé en est tout simple voire simpliste : le quotidien d'un couple marié voilà trois ans. Le poids de la routine, des conventions. Le manque de communication, de tendresse dite... Philippe et Elisabeth sont les purs produits de l'époque.
Le mariage au temps de l'après guerre n'est pas très attrayant. On se mariait pour des raisons de convenance plus que pour des raisons d'amour (d'ou le titre l'eau grise en opposition avec l'eau de rose). On respectait les us et les coutumes... On n'était pas dans la confidences. Deux parcours solitaires vivant en parallèle. On se devait faire des enfant pour reconstruire le pays. Après les dégàts de la guerre, il faut du sang neuf, reconstruire pas seulement les immeubles mais aussi la pyramide des âges si chères à nos sociologues...
Un roman pas si pessimiste cependant, un instantané, une sorte de reportage style émission "Strip tease" qui passait sur France 3.
Quand vous avez lu ce livre vous ne pourrez être que troublé en lisant "Eau de Feu" le tout dernier livre de François Nourissier (de son vivant) paru en 2008. En effet, "Eau de Feu" met en scène l'auteur et Reine son épouse. Une épouse alcoolique et qui ne veut pas se soigner. Et on retrouve les même sujets de "L'eau grise". Le manque de communication, le désarroi du mari... En fait on a fait des progrès technologiques, jamais on a autant communiqué, SMS, Textos, emails etc... On dit qu'on a évolué dans le domaine des moeurs... Mais au niveau relation couple, on est restés les mêmes... Le paradoxe...
C'est peut être pas pour rien que Frédéric Beigbeder ait écrit "L'amour dure trois ans"... Un clin d'oeil au livre de François Nourissier ????
J'en profite de cet article pour annoncer la parution en format poche chez Folio de "Eau de Feu"... Vous ne pourrez plus avoir l'excuse de ne pas l'avoir lu. Il faut insister auprès de votre libraire car évidemment Nourissier tant qu'il n'est pas mort n'est pas leur écrivain fétiche... Pourtant, on retrouve un peu d'esprit de Houellebecq. On sait que Michel a une vénération pour le vieux monsieur. On trouve si on lit bien les deux auteurs des passerelles, des clins d'oeils appuyés de Michel Houellebecq en destination de son ainé. Je veux parler de l'acceptation de la routine, le quotidien. Surtout ne pas cacher les choses, les décrire avec une étonnante lucidité... Sans pathos surtout !
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