Hier soir, "La soupe aux choux" a réuni près de 4 millions de téléspectateurs, un public familial et ravi de revoir les facéties du trio infernal "De Funès, Carmet, Villeret". Ce trio qui fait désormais partie de nos souvenirs car ils ont tous disparus hélas !
Rire des facéties seulement serait une erreur car le film en question est plus qu'un film comique, un testament, un bilan de toute une vie pour l'acteur Louis De Funès, fragilisé par une attaque cardiaque. Il n'aurait pas du tourner ce film car les assurances prenaient beaucoup et qu'en plus le corps médical lui conseillait plutôt du repos, du calme. Mais ce n'était pas connaitre la volonté féroce de l'acteur sans oublier son caractère têtu.
"La soupe aux choux" est tout d'abord un livre de Monsieur René Fallet, auteur entre autre aussi "Des vieux de la vieille". Une écriture truculente et imagée. De ce livre, Louis en a fait son testament. Il savait que c'était son dernier film. Il se devait, respectueux de son public, de faire ses adieux à celui-ci.
Les messages sont nombreux.
- le rapport modernité et héritage : le maire qui voulait "l'expansion économique" et les deux papys réfractaires, vivant presque en autarcie sur leurs terres. On veut raser ce qui était image du passé, pas assez reluisant. Cette génération future en perte d'identité, car si on a pas la mémoire du passé on a pas un grand avenir. C'est l'ère de la perte des valeurs, de la bonne nourriture traditionnelle, du bon vin de la convivialité...D'où le trou béant à la fin du film, à l'endroit exact ou étaient les papys.
- Le regard attendri de Claude à Francine quand elle lui annonce son départ "Que tu sois heureuse". On dirait qu'il nous l'adresse. Son regard si fragile, attendrissant du papy qui ne recherchait que d'être entouré d'amour. Louis De Funès à travers ses mimiques cachait un coeur gros comme ça. Ce regard me fait mal car je pense que le talent de Louis De Funès était mal employé. Toujours dans les comédies alors qu'il aurait pu être un géant dans le dramatique aussi. Puis. Quand il s'en va dans son jardin, tout voûté, tout triste c'est comme un adieu. Cette scène est saisissante. J'ai à chaque fois envie de lui dire merci...
- Les pièces d'or envoyées à Francine à la fin, elles pourraient être plusieurs clins d'oeil à la fois... "La caissette de l'Avare", "la folie des grandeurs"... Chaque piécette pourraient représenter un film de Louis. Prends en soin, ces pièces feront des petits. Des petits ? De l'argent certes pour ses héritiers mais surtout des nouvelles générations de fans qui même s'ils sont nés après la mort de l'artiste (27 janvier 1983), seront vraiment accros à la filmographie de l'acteur. Je rigole de voir mes gamins ne pas vouloir louper une seule rediffusion des gendarmes ou autres films de De Funès.
- Puis la prophétie de la Denrée qui lui propose de vivre plus de 200 ans au ciel... Louis, Jean, Jacques sont bien vivants dans nos cœurs, ils sont "montés au ciel" et sont éternels car on ne les oublient pas. Il vivront durant notre passage sur terre et comme on en parle à nos enfants, ils vivront à travers eux en souvenirs. Des générations parleront encore d'eux même 100 ans après.
Je précise que si Louis était en vie, il aurait eu 96 ans ce 31 juillet.
J'espère que son jardin au Cellier a été restauré car dans l'état que je l'avais vu m'a vraiment fait mal au cœur...
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