Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

dimanche 30 octobre 2011

"MERDE A VAUBAN !" LEO FERRE

Depuis toute petite, grâce à mon grand père, j'ai appris à avoir du respect pour les bagnards. Il est vrai qu'il est facile de leur jeter l’opprobre sur eux. Des mécréants, des criminels, des traites... Des gens pas bien. Mais on leur doit tant. Quand j'avais dans les six ans j'avais entendu parlé alors de Jean Valjean qui sortait du bagne de Toulon lors d'un feuilleton à la télé. Bagne, Toulon, cela m'avait fait tilt dans ma caboche d'enfant. J'en ai parlé à mon grand père lui demandant ou était le bagne, il m'a répondu que ce bagne a vraiment existé, qu'il n'existe plus mais il restait néanmoins des traces des travaux des bagnards. Il m'avait indiqué la route du Mont Faron (pour aller jusqu'au sommet), l'immense digue protectrice de la rade de Toulon, certaines rues, certains aménagements qui sont encore de nos jours utiles.

Lors d'une rémission de sa maladie qui devait l'emporter, il m'avait emmenée au Fort Balaguier à la Seyne Sur Mer... Pour deux raisons, pour revoir une dernière fois ses chers bateaux de la Marine Nationale et aussi pour me faire découvrir le musée du bagne de Toulon. Un endroit ou est conservé correspondances, livrets, objets ayant appartenu aux bagnards... Depuis il y est dans mon coeur une trace de respect envers ses hommes. Une certaine tendresse. Bien plus que pour les prisonniers actuels qui ne font rien, qui ne servent à rien qui restent des années dans leurs cellules mille fois plus confortables que les dortoirs des bagnards... Dire que ceux ci se plaignent, on devrait revenir un peu dans l'ancien système qu'était le bagne... Cela réduirait largement les risques de récidives... En travaillant ainsi, ils règleraient leur dette à la société.

Saint Martin en Ré était pour moi l'occasion rêvée de faire passer le témoin à mes enfants. La citadelle n'était pas le bagne en lui même, une sorte de port de triage avant Cayenne. Mais la trace, les fantômes de ces hommes sont toujours présents... Dreyfus, Seznec pour ne citer qu'eux ... Je me suis souvenue de la chanson de Léo Ferré "Merde à Vauban" à chaque nom gravé sur les pierres de la citadelle. Un vrai lieu de mémoire... Pas si respecté que ça hélas... Les touristes qui prennent ce lieu pour des circuits à vélo n'ayant pas la notion de l'endroit ou il passent... 

La porte Royale ou l'on imagine encore la sortie des bagnards et leurs maigres sacs quitter définitivement la France Métropolitaine pour aller mourir au bagne de Cayenne. Et en echo les paroles inoubliables de la chanson de Leo Ferré...

Bagnard, au bagne de Vauban
Dans l'îl' de Ré
J'mang' du pain noir et des murs blancs
Dans l'îl' de Ré
A la vill' m'attend ma mignonn'
Mais dans vingt ans
Pour ell' je n'serai plus personn'
Merde à Vauban

Bagnard, je suis, chaîne et boulet
Tout ça pour rien,
Ils m'ont serré dans l'îl' de Ré
C'est pour mon bien
On y voit passer les nuages
Qui vont crevant
Moi j'vois s'faner la fleur de l'âge
Merde à Vauban

Bagnard, ici les demoiselles
Dans l'îl' de Ré
S'approch'nt pour voir rogner nos ailes
Dans l'îl' de Ré
Ah ! Que jamais ne vienne celle
Que j'aimais tant
Pour elle j'ai manqué la belle
Merde à Vauban

Bagnard, la belle elle est là-haut
Dans le ciel gris
Ell' s'en va derrière les barreaux
Jusqu'à Paris
Moi j'suis au mitard avec elle
Tout en rêvant
A mon amour qu'est la plus belle
Merde à Vauban

Bagnard, le temps qui tant s'allonge
Dans l'îl' de Ré
Avec ses poux le temps te ronge
Dans l'îl' de Ré
Où sont ses yeux où est sa bouche
Avec le vent
On dirait parfois que j'les touche
Merde à Vauban

C'est un p'tit corbillard tout noir
Etroit et vieux
Qui m'sortira d'ici un soir
Et ce s'ra mieux
Je reverrai la route blanche
Les pieds devant
Mais je chant'rai d'en d'ssous mes planch's
Merde à Vauban

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