Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

mardi 2 août 2011

"L'AUTRE" Eric ZEMMOUR.



 «- Et puis, si nous ne parvenons pas à arrêter le missile à temps, nous pourrons toujours fabriquer un leurre pour le détourner de sa cible. J'ai déjà accompli ce genre d'exercice avec le président, François. Nous avons provoqué volontairement un scandale sur son comportement durant la guerre, pour occulter des révélations qui allaient sortir sur sa fortune... plus récente. Polémiques, tribunes, insultes, querelle d'historiens autour de Pétain, la collaboration, de Gaulle, Jean Moulin etc. Très efficace. Les médias ont tout gobé. C'est une règle d'or digne du président Mao : il ne faut pas donner à manger un poisson aux médias, il faut leur apprendre à pêcher. Mais pour cela, il faut leur montrer où pêcher, pour qu'ils n'aillent pas abîmer des fonds marins et détruire les espèces protégées.»

Quel est donc ce missile. Un livre de souvenirs d'un ami très intime au Président François Marsac, Albert Reidel. Depuis qu'il a eu vent de cette future parution de ce livre, François cherche par tous les moyens à empêcher sa parution. Celui-ci révèle trop de choses intimes et personnelles. Ce ne sera pas un livre de n'importe qui, d'un "journaleux" à qui le Président aura répondu aux questions d'une manière fantaisiste. Non ce livre est dangereux. 

Depuis, les souvenirs ressurgissent dans la mémoire de François. Son enfance avec un père brutal, une maman très pieuse. Ses études, son mariage, ses débuts dans la Politique... 

Tenez, ce livre pourrait faire l'objet d'un jeu estival. Cherchez qui se cache derrière les personnages... On reconnait volontiers, Jacques Chirac, sa femme Bernadette, sa fille Claude. Puis on voit apparaître une Marie France Garaud loin de l'apparence stricte qu'elle veut s'imposer. Pasqua, De Villepin, Jean Louis Debré, une petite apparition de Claude Pompidou, les journalistes Duhamel et Carreyrou... Et bien d'autres... Amusez vous à les reconnaitre... Celui qui aura tout bon aura l'estime de l'auteur...

Un vrai livre qui aurait pu être scandaleux car il décrit bien les moeurs des hommes politiques. Leur ambition, l'importance du sexe dans leurs discussions.... Ce livre a été écrit en 2004 ! J'ose imaginer le scandale qu'il causerait s'il sortait actuellement en pleine affaire DSK !

 « L'homme politique est le dernier émule de Don Juan dans un monde désenchanté  : pour séduire, conquérir chaque électeur, il fait croire à une personne qui n'est rien -c'est-à-dire chacun d'entre nous- qu'elle est quelqu'un d'important, de très important, de vital pour lui, pour la France, la personne la plus importante du monde. L'autre n'est pas vraiment dupe, mais veut y croire. C'est si bon. Une campagne électorale n'est rien d'autre que la course en sac d'apprentis Don Juan. Mais la lutte est cruelle. Seul le vainqueur baise et bamboche. Ses rivaux restent seuls, la queue raide en rade, l'âme en peine, le coeur en berne. Depuis quarante ans, Marsac ne s'était jamais défier la statue du Commandeur. Femmes, hommes, jeunes, vieux, riches, pauvres, pédés, lesbiennes, catholiques et francs-maçons, il les voulait tous, insatiables, sans distinction d'âge, de condition et de sexe, il les désirait tous. Tous les séduire, les conquérir, les baiser. A chaque fois, il reculait effrayé, il disait : « Non, je la sens pas, cette campagne», il ne sentait jamais rien, il n'était jamais enthousiaste, il ne voulait pas quitter son petit confort, mais il avait organisé avec un soin maniaque et hypocrite l'inéluctabilité de son combat. Il avait lui même édifié de ses mains, pierre après pierre, le mur contre lequel il calerait son dos. Quand Don Juan renonce à être Don Juan, il meurt. Mais Don Juan vieillissait.»

L'homme politique n'est pas un robot mais un être humain avec ses faiblesses et ses qualités... On a tendance à l'oublier. Ce livre nous remet donc les pendules à l'heure alors qu'on aurait tendance à mettre sur un piédestal telle ou telle personne...

Un livre à tiroirs ou à clés, facile à lire... Eric Zemmour a un vrai talent de romancier, dommage qu'il n'en use pas plus que ça, on en redemanderait...

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