Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

dimanche 27 mars 2011

"Ton visage entre les ruines" Laurence Biava.




Laurence Biava est une jeune femme passionnée de littérature. Elle est connue des utilisateurs de Myspace (ou là je commence à vieillir) puis ses blogs, sites... Comme celui qu'elle a construit pour Frédéric Beigbeder.

Une vraie passionnée de littérature disais-je et cela se sent dans ses écrits. Toujours bien construits, un vocabulaire recherché et oh miracle ! Un style bien particulier. Elle ne cherche pas à singer untel ou autre comme on en voit trop souvent.  C'est rare donc.

"Ton visage entre les ruines" est son tout premier roman. Un roman prometteur.

L'histoire d'une jeune femme Evolène atteinte de la maladie de Korsakov (les symptômes sont notamment une amnésie sévère. La personne peut se souvenir de souvenirs très anciens). Pour lutter contre ce sentiment  d'impuissance face à cette maladie qui gomme tout, Evolène se met en tête de constituer trois carnets. "Carnets apocryphes", "Le journal d'un fou du temps" (titre original : Nevrose - Nostalgie) et des "Fragments d'une correspondances datée en 1967." Carnets qu'Evolène laissera au docteur R avant de disparaître en 1976.

Le docteur R retrouve donc ces carnets en 1997 et se remet à réfléchir sur le cas de la jeune femme. Le souvenir de cette femme ne l'a pas quitté un instant. A l'annonce de son décès par les autorités suisses, il ne cherche qu'à refaire vivre cette jeune femme, commémorer ce singulier destin. Un instant d'éternité ...

Un livre que vous n'oublierez pas de sitôt. On vit la souffrance d'Evolène page après page. Je suis bluffée par le travail de  recherche de Laurence Biava sur le sujet des maladies mentales. On ne sait pas qu'est ce qui a déclenché la maladie (comme l'alcool par exemple). On est dans le flou comme le Dr R et Evolène. On peut qu'imaginer.  C'est là le point fort du livre. Souvent l'auteur fait l'erreur de tout nous dire. Avec un tel sujet, il fallait être crédible. Evolène ne peut pas nous dire ce qui a causé en fait sa maladie, elle ne se souvient de rien. Ni le docteur R, elle reste une énigme pour lui et pour le lecteur par ricochets...

J'ai même découvert une Laurence Biava qui aime jouer avec les mots. Les poèmes de la correspondances sont des petits joyaux à eux seuls.  Un vrai style, une vraie recherche autant linguistique et syntaxique.. On réalise donc que la langue française quand elle est bien écrite est un pur moment de bonheur à lire.

Certes, les livres sur les maladies comme l'Alzheimer, la perte de mémoire sont "à la mode". Tout ceci amplifié par les décès d'Annie Girardot et François Nourissier. Mais la singularité du livre de Laurence Biava c'est qu'on vit de l'intérieur la déchéance mentale de l'héroïne. On en a pas seulement une vision "extérieure" comme des témoins silencieux...

Je remercie sincèrement les éditions In Octavo et particulièrement Gil Fonlladosa de Pommayrac d'avoir donné la chance à cette jeune femme d'être enfin publiée.

Quand je pense à Laurence Biava, Neil Thomas, Valérie Debieux, Thierry Desaules, Jean Noël Sciarini etc... (pardon à ceux que j'oublie) qui sont talentueux et pleins de promesses qui galèrent pour être publiés. Pendant que certaines maisons d'éditions ne cherche qu'à faire de l'argent facile avec des people, cela me met singulièrement en colère.

Qu'on ne vienne pas me dire qu'internet n'est pas vecteur de culture. S'il n'y avait pas eu internet, je n'aurais certainement pas connu ces auteurs et j'en aurais pas eu le plaisir de les lire. Et cela serait bien dommage !

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