Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

dimanche 6 février 2011

"Evguenie Sokolov" Serge Gainsbourg.




Eric Naulleau clame que le pavé de Robert Musil "L'homme sans qualité" a changé sa vie. Le livre qui a bouleversé ma vie est celui de Serge Gainsbourg.

Grâce à ces 111 pages, j'ai compris le double sens des mots. Le double sens que pouvait avoir un livre.

En effet, j'ai lu pour la première fois ce livre quand j'ai eu 14 ans. J'étais hilare à chaque page. Pensez vous le destin d'un pétomane, c'était risible et je m'amusais de toutes les images que Serge employait pour parler du pet.  Je trouvais l'écriture de Serge amusante.

Je l'ai relu donc deux ans après. Ce ne fut pas la même chose, j'étais en larmes. La gorge nouée. Je voyais l'handicap de ce monsieur et je souffrais avec lui de son infirmité. Quand j'avais fini, j'avais l'impression du regard de Serge sur moi, "tu as compris pauvre idiote".

J'avais eu honte de rire lors de ma première lecture. Serge n'était pas seulement un compositeur hors pair, un virtuose de musique. Il était un chef d'orchestre des mots. Il savait utiliser les bons mots, jouer avec. Roi du calembour, de la métaphore. Il m'avait subjuguée. C'était un hymne à l'amour pour la langue française et je suis même étonnée qu'il ne soit pas un classique étudié en classe comme l'avait été Prévert.

Ce livre m'a appris que les mots ne sont pas anodins. Que l'auteur peut trahir une certaine souffrance à travers ses pirouettes syntaxiques ou son personnage. Toujours aller vers l'excellence. Je trouve dommage que Serge n'ait pas plus écrit de petits romans, des nouvelles. Après le monstre sacré de la musique, on aurait eu un écrivain fabuleux à découvrir. Dommage, tout comme pour Barbara.

C'est ce qui me rend nostalgique de cette époque. Ces gens qui étaient capables d'une telle exigence dans ce qu'ils faisaient. Qui avaient le respect du public. Pas comme ceux qu'on écoute actuellement. J'en ressens comme un grand vide au niveau culturel.

Une belle leçon d'orthographe de Barbara et de Serge



1 commentaire:

Anonyme a dit…

MERCI POUR LUI

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