Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

vendredi 26 novembre 2010

A MONSIEUR YVES,

"La littérature est une affaire sérieuse pour un pays, elle est au bout du compte, son visage" Louis Aragon



Cher Yves,

Pour une fois, je vous prends à contrepied. Il est vrai que vous dites à chaque interview que vous n'aimez pas le terme de littérature de terroir. Elle enferme, elle étouffe.

Certes, elle enferme mais surtout pas pour vous tuer, au contraire pour vous protéger. Vous les écrivains estampillés du terroir êtes les derniers mohicans de la littérature. Le dernier village gaulois. Ce village combatif, soucieux de qualité, travaillant à l'artisanal.

Vous me faites penser aux anciens agriculteurs qui faisaient de ce qu'on appelle aujourd'hui du bio. Ces agriculteurs avaient moins le soucis quantitatif mais surtout le qualitatif. L'agriculture aurait du rester telle quelle. Maintenant, les agriculteurs, éleveurs nous empoisonnent aux pesticides, aux divers traitements utilisés et par leur mauvaise qualité de production. Ils sont en partie responsables du nombre croissant des cancers. Le délire c'est qu'on fait payer plus cher tout ce qui est bio alors qu'il aurait du garder cette forme originelle.

Pour la littérature, cela devient pareil. Elle est influencée par la mondialisation. On ne voit plus la différence entre un écrivain français et un écrivain étranger. Jamais le livre n'a été autant traduit. On trouve de tout, et on peut lire de tout. Sans avoir à sortir de chez soi, sans avoir à apprendre une langue étrangère.

La mondialisation accentue la crainte, la peur, le nationalisme. Ce dernier étant une valeur refuge, un rempart contre cette immensité qui est à dimension inhumaine. Les écrivains dits de terroirs qu'on redécouvrent deviennent les sauveurs d'une certaine tradition locale. Ceux qui véhiculent souvenirs d'enfances, d'un certain art de vivre.

Ce repli sur soit est en quelque sorte salvateur car il faut aimer soi même pour aimer les autres. La littérature dite de terroir n'enferme pas on découvre d'autres contrées. Sans Claude Michelet, je n'aurait pas ouvert les yeux sur la Corrèze, sans Jean Guy Soumy, la Creuse serait une parfaite inconnue, que dire de Messieurs Signol, Bordes, Anglade, Clavel, Vincenot et Jean Michel THibaux, le toulonnais. Je rêve d'un salon qui fassent la part belle de cette culture. Le tour de France des littératures. On est bien le pays ou il y a plein de prix littéraires, presque autant que de vins, de fromages. Une vraie spécialité made in France.

Non, être auteur du terroir n'enferme pas du tout. Au contraire. Les rayons consacrés à cette littérature ne se vident pas. A chaque fois que je vais dans une autre région, j'aime aller jeter un oeil sur le rayon de la littérature locale.

Certes vos histoires peuvent se passer dans d'autres régions vous allez me dire (tout comme les soeurs Robin relookées façon ch'tis). Mais vous allez pas renier ce que vous êtes. Au contraire !

Vous voyez, je ne vais pas faire ma "Houellebecq" en faisant un chapitre éloge sur cette forme de littérature mais je peux dire que ce sont les écrivains dits de terroirs qui sauveront le livre. Je le remarque à tous les salons, les queues pour une dédicace pour Monsieur Signol, Claude Michelet et vous même.

N'ayez plus peur, ni honte de vous afficher écrivain du terroir... Au contraire revendiquez le ! Vous êtes les avant gardistes...

1 commentaire:

Jean-Michel Thibaux a dit…

Bonjour,
J'ai été flatté de voir mon apparaître parmi les "Grands" écrivains de la Terre. Je suis fier de mes écrits sur la Sainte-Baume et la Provence. Tant de travail accompli, de documentations accumulées, d'enquêtes sur le terrain pour faire revivre des parcelles de notre petite histoire, nous demandent du courage et de la persévérance. On parle peu de nous, on nous galvaude, on ironise. Nos livres sentent le thym, le purin, la bouse, les racines. Qu'importe! Nous aimons nous y vautrer. Et nous nous laissons parfois parfois emporter la rage lors de la distribution des prix du printemps et de l'automne. Jamais nous ne figurerons au palmarès des récompenses littéraires françaises: on nous a relégués dans la grisaille d'un hiver sans fin.
Jean-Michel Thibaux.
Grand Prix International 2010 de la ville de Saragosse pour l'ensemble de son oeuvre.
www.jean-michel-thibaux.com/
www.tresorslegendaires.com

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