Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline
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dimanche 17 octobre 2010

Pélerinage à St LAMBERT DU LATTAY




En revenant du salon, on s'est arrêtés à St Lambert du Lattay. Charmante commune située entre Angers et Cholet (en passant par la nationale). St Lambert est située à 35 Kms de Cholet.

Impossible de ne pas penser à ce cher Ange, Patrick Dewaere... C'est ici qu'il repose depuis 1982. Dans le calme d'un village anonyme. Tout est bucolique, tout est lumière... Tout semble calme dans cette ville. Vraiment tout le contraire de ce qui a été la vie de Patrick.

D'abord, il faut trouver le cimetière. Pas évident. Le plus simple c'est d'arriver au niveau de l'Eglise, de prendre la route ou est indiqué la pharmacie... Puis dès que vous êtes devant la pharmacie, vous allez tout droit et vous verrez la porte du cimetière... 

Patrick y est enterré dans le premier rang à votre gauche dans la rangée qui longe le mur. Une simple plaque. Une tombe simple, un peu à l'abandon même si on sait que l'usure du temps du caveau est normal. Mais bon, il y a du passage un peu. Des petits cailloux symbolisant le passage de fans le démontrent. Vraiment, j'ai eu mal de le savoir en dessous.. J'ai pas eu le courage de terminer ma prière, seulement un baiser déposé sur la pierre du caveau... 



Si ça se trouve, Pat, tu es la haut à te marrer de nos tronches de cakes avec Philotard... Regarde celle-ci, devant ma tombe et oh la p'tite dame, je ne suis plus là, je suis la haut avec mes potes ! Tu vois Patrick, on t'a pas oublié, tu t'es fait la malle alors que j'avais 12 ans, je me souviens d'avoir pleuré pour la première fois pour une vedette... Chose incompréhensible chez ma mère et ma grand mère tant pis... Me voilà du haut de mes 40 balais à te dire mentalement que je t'aime encore ET que tu n'es pas mort car tu vis en mon coeur autant que cette vie voudra de moi....Saches qu'il y a plein de personnes qui t'aiment ici bas et qui pensent encore à toi. Tes films on les regarde via les cds et on ne loupe aucune rediffusion... Et même il a été créé des espaces virtuels sur internet (tu te serais marré avec twitter quand j'y pense) Sites, blogs, myspace, facebook, articles sur toi.... Tu es vivant mon cher Patrick... Bien plus vivant que certains vivants... Ton éternité durera autant que celle de tes fans et les autres générations qui vont te découvrir  après nous et qui te prendront en exemple, je ne me fais aucun soucis...

En repartant, en pensant à Patrick, j'avais en tête la poésie d'Arthur Rimbaud, "Le Dormeur du Val" qui aurait pu être écrite pour Patrick...

Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Mine de rien, cela me fait tout drôle de savoir qu'il avait seulement un an de moins qu'Yves Viollier. Il aurait actuellement 63 ans et j'imagine comment il aurait été vieillit. Même s'il disait qu'il ne serait jamais vieux....

mercredi 13 octobre 2010

MAUDIT 13 OCTOBRE !


 
Toute ma vie durant, je détesterai cette date... J'aurais la haine contre ces médecins roumains qui n'ont pas été foutus de sauver Guillaume Depardieu. Mais franchement les hôpitaux roumains sont ils dans un tel état pour aggraver une pneumonie ? Vraiment, cela mériterait une enquête sanitaire et je ne comprends pas que l'on ne l'ait pas fait depuis la mort de Depardieu. Obligé de le faire rentrer en urgence en France pour mourir. Un comble. Lui l'archange qui a tout vaincu, les maladies nocosomiales, amputation de la jambe... Terrassé par une pneumonie... Non c'est pas possible.

Partir si jeune, une petite fille sans papa désormais. Non Guillaume, cela fait mal rien que d'y penser. Ta fragilité était la nôtre, on s'y retrouvait à travers tes souffrances. Les parents indifférents, obnubilés par leur jobs, je connais. La solitude, les appels au secours, les mains tendues ignorées... Je connais. Mais il est trop tard. Tu étais le plus fragile de tous. On aurait pu faire attention, tu étais du cristal. Si on avait su t'aimer, si on avait su te dire "Je t'aime" quand cela allait mal. Peut être... Tu aurais pas baissé les bras....

Depuis que tu es dans l'aéronef depuis 2 ans  comme le dirait Richard Bohringer, tous ceux de ta génération on vit pour toi. Les motards ont une pensée pour toi quand ils allument leurs motos. Je regarde la beauté des paysages pour toi. On savoure chaque instant pour toi. Tu nous a irradiés de ton talent, de ton aura. On a notre petite bougie au fond du coeur et on vient te retrouver assez souvent. Tu es certes poussière d'étoile sur terre, mais au fond de notre coeur, tu es encore notre archange bien vivant qui nous donne le message suivant : Profitez de la vie et n'oubliez jamais le plus beau !  

Aujourd'hui je pense à ta petiote, ta soeur Julie... et on t'accompagne de nos pensées... On n'est pas près de t'oublier...

L'interview d'Yves Viollier de Bernard Clavel

Toujours issu du Site "La Vie". Yves Viollier avait interviewé son ami en 1991... Souvenirs....

Interview du 11/07/91
Bernard Clavel : une plume à tous vents

Yves Viollier - publié le 11/10/2010

Il est incontestablement le chef de file d'une vraie littérature populaire. A soixante-huit ans, Bernard Clavel poursuit tranquillement une oeuvre qui ne comprends pas moins de soixante-dix ouvrages. De livre en livre, cet éternel errant nous a promenés de son Jura natal à Lyon et jusqu'au Grand Nord québécois, où il avait pour un temps posé son sac. Le voilà de retour dans le pays de son enfance avec son dernier roman, « Meurtre sur le Grandvaux », récemment paru aux éditions Albin Michel.




Pour rendre hommage à Bernard Clavel, mort à l'âge de 87 ans le 5 octobre dernier, La Vie a plongé dans ses archives pour ressortir cette interview réalisée par Yves Viollier, parue dans notre magazine le 11 juillet 1991...

Il semble le calme fait homme et pourtant....il n'arrête pas de voyager et de faire ses bagages. Il vient à nouveau de déménager, après avoir habité au Québec, en Suisse, puis en Irlande, le revoici en France. Je n'arrête pas de bouger , dit-il, J'avais commencé d'écrire « Meurtre sur le Grandvaux » en Irlande, je l'ai terminé en Provence. C'est que je n'écris pas facilement...Je digère lentement les choses. J'ai besoin de recul. Meutre sur le Grandvaux, c'est une sorte de tragédie antique. L'histoire d'un père, Ambroise, qui tue sa fille et l'amant de sa fille et qui mourra à son tour tragiquement. Il est grandvallier, c'est-à-dire roulier au long cours et transporte sur un chariot des marchandises dans tout le Jura.

« Il y a longtemps que je voulais écrire le roman de la lutte des rouliers contre l'installation du chemin de fer, dit Bernard Clavel. Avant même de publier Le seigneur du fleuve ».

Parlons justement du fleuve. Le Rhône a beaucoup compté dans votre vie.

Oui, c'est au Rhône que je dois d'avoir écrit. J'habitais Vernaison, au sud de Lyon. J'ai commencé à le peindre. Il m'est entré dans la peau. La peinture ne m'a pas semblé suffisante pour l'exprimer dans son prolongement. J'ai donc situé mon tout premier roman sur le Rhône. Ce livre était mauvais, il n'a pas été publié. Hervé Bazin, qui m'avait lu, est venu me voir et m'a dit : « Je crois que vous avez ce fleuve en vous. Mais c'est un trop gros morceau pour un débutant ». Dans L'ouvrier de la nuit, mon premier roman publié, j'ai fait une petite place au Rhône, puis une plus grande dans Pirates du Rhône. Et Bazin m'a dit encore : « Tu ne t'es pas vraiment coltiné avec lui ! Longtemps après , j'ai publié Le Seigneur du fleuve . Et un jour que nous avions une réunion « Chez Drouant », là où se retrouve le jury du Goncourt, Bazin m'a pris à part : « Souviens-toi de ce que je t'avais dit. Maintenant tu l'as. Tu viens de faire un grand livre. Tu fais honneur à la compagnie ! ».

Vous êtes un homme de l'eau ?

Je m'aperçois que, partout où je me suis installé, un cours d'eau imprimait sa marque au paysage, le Doubs à Dôle, le Rhône à Lyon, le Saint-Laurent à Montréal, l'Harricana plus au nord....

Et la mer ?

Je ne la connais pas suffisamment. Je l'ai découverte avec Mac Orlan. Il vivait complètement isolé sur ses vieux jours. Quand j'arrivais, il me demandait : « Sais-tu pourquoi les solitaires ont le nez épaté ? Parce qu'ils se le sont trop écrasé contre la vitre pour voir s'il vient quelqu'un ! » C'était un fabuleux conteur, il me racontait les ports et les marins de Bretagne. Pendant plusieurs années, je lui a proposé de l'y emmener. Mais il refusait de partir à cause de son perroquet, puis de son chat. Nous n'y sommes jamais allés ensemble. Mais j'ai découvert la mer à travers lui.

Vous êtes aussi un homme de la terre ?

Je n'aime que les terres qu'habitées. A Lyon, j'ai vécu des années à la fois les plus heureuses et les plus malheureuses de ma vie. J'étais à Vernaison. Je faisais partie de la société de sauvetage. On intervenait pour les inondations. J'ai connu les mariniers. Avec eux, j'ai descendu le Rhône. Ce fleuve, c'était la puissance. Je n'irais plus maintenant en habiter les bords, parce que ce n'est plus le Rhône. On l'a canalisé. Je ne crois pas que ça serve à grand-chose.

Avec Lyon, maintenant, le cordon est coupé ?

Pas du tout. Quand nous descendons de Paris, Josette (sa femme) et moi, nous nous arrêtons voir nos amis. Nos médecins sont à Lyon, et même le dentiste. La ville massacrée me fait un peu mal. Ce tunnel sous Fourvière est une aberration. La ville est tellement envahie par les autos, on ne peut plus y marcher. On a supprimé le magnifique pont de la Guillotière, et on est maintenant en train d'esquinter l'Opéra.

Lyon est donc votre ville ?

Ma ville, c'est tout de même Lons. Pourtant, Dieu sait que c'est là que j'en ai le plus bavé ! Mais aujourd'hui, pour moi aller à Lons... c'est faire une visite à des tombes, celles de mes parents et de ma tante. « Quand on a plus de copains au cimetière qu'en ville, ça devient inquiétant ». disait Dorgelès. C'est à Lons que j'ai passé mes années les plus enrichissantes, je les ai racontées dans La maison des autres. J'y ai fait l'expérience de la saloperie humaine et de la solidarité ouvrière.

Soixante-dix livres derrière vous, Bernard Clavel ! Vous voilà reconnu, vous n'êtes pas dans le besoin. Qu'est-ce qui vous pousse toujours à écrire ?

La peur de l'ennui. Si je n'écris pas je m'ennuie. J'ennuie ma femme. Ce que j'ai fait, ce n'est rien du tout. Regardez Simenon... J'écris parce que c'est ma nature. Les personnages sont là, ils attendent. Et parfois finissent par se lasser d'attendre. Le livre qu'on n'écrit pas quand il doit s'écrire, on ne l'écrira jamais. J'ai la chance de pratiquer un métier formidable. Vous en connaissez d'autres qui peuvent se permettre de devenir marinier en 1840 ? Ou qui ont la faculté de se transporter au XVIIème siècle dans l'univers de La saison des loups ? c'est le privilège de l'écriture.

Il y a des choses que vous regrettez ?

Bien sûr, comme tout le monde. Mon premier regret, c'est que mes parents soient morts avant que j'aie encore rien fait. Ils sont sûrement partis tous deux en se disant que j'allais crever de faim, que je m'obstinais dans une impasse. Chaque mot est donc encore une victoire pour moi. De toute façon il n'y a pas un de mes personnages que mes parents n'auraient pu connaître. Je ne serais pas capable de mettre en scène un milliardaire.

Vos romans s'achèvent généralement mal. Quel est votre motif d'espoir ?

La chaleur humaine. En même temps, je me dis que ce n'est l'homme qui peut sauver l'homme. On voit très bien que le monde fait tout pour mourir. On n'est pas sortis d'une guerre que tout de suite on se dépêche d'en préparer une autre. « Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis.... », écrivait Gide. Malheureusement, les insoumis ne sont pas en assez grand nombre.

Et Dieu ?

Dieu me déçoit en laisse faire tout ça. De plus en plus de gens meurent de faim, et une minorité gaspille de plus en plus de pognon. En vendant des armes, on gagne de plus en plus de fric. Ce constat, n'importe qui peut le faire, croyant ou athée. Dieu ? j'ai vu mourir de la même maladie Casamayor, l'athée, et Cesbron, le croyant. Ils sont partis tous deux aussi lentement et dans la même sérénité, souriants, étonnés, avec la même force, en restant dignes.

L'HOMMAGE A BERNARD CLAVEL D'YVES VIOLLIER

Issu du site "La Vie" dont je mettrai le lien à la fin de ce post.....Hommage que vous trouverez format papier demain ou vendredi au plus tard dans vos kiosques... Je le copie colle afin de le conserver en archives....

Hommage

Bernard Clavel, l’homme qui allait "racines en l’air"
Yves Viollier - publié le 11/10/2010






Un accident vasculaire cérébral l'avait rendu silencieux depuis des années mais les lecteurs de La Vie n'auront pas oublié l'un des écrivains les plus populaires de la fin du siècle dernier : Bernard Clavel est mort le 5 octobre, à l'âge de 87 ans. Il était né dans le Jura, avait grandi dans une famille très modeste, avant de se tourner vers le journalisme puis le roman. Notre collaborateur Yves Viollier, qui fut son ami, lui rend hommage.




« Depuis sept ans, nous étions déjà un peu orphelins de Bernard Clavel. Un accident vasculaire cérébral nous l’avait en partie enlevé. Nous ne croisions plus la massive silhouette du géant boxeur, qu’il fut dans sa jeunesse. Sa voix de râleur généreux contre les bêtises du monde nous manquait. Ses livres surtout. Ses deux derniers romans publiés en 2002 et 2003 ont été « La table du roi » et « Les grands malheurs ». Leurs titres sonnent comme un testament.

Son premier roman en 1956 s’intitulait L’ouvrier de la nuit. Et pendant un demi-siècle, il nous a donné une centaine d’œuvres, des romans surtout, des contes et nouvelles, quelques essais, qui tous plongeaient leurs racines dans une enfance et une jeunesse du côté du Jura, entre Dôle et Lons-le-Saulnier, entre Doubs, Saône et Rhône. Il a quitté le pays de ses origines pour vagabonder partout en France, et en Irlande, en Suisse, au Québec. Mais, à chaque nouveau déménagement, c’était pour constater, citant Francis Carco qu’il aimait, "qu’aussi vite que l’on aille, le pays de nos rêves demeure inaccessible".

Chacun de ses livres – qu’on se rappelle les beaux titres de ses séries Les Colonnes du Ciel ,La grande Patience, s’efforçait de donner à toucher le courage et la peine, la colère et l’amour, la souffrance et la joie, dans le cœur des hommes et des femmes auprès de qui il avait grandi. C’est ainsi que dans Les fruits de l’hiver qui lui valut le Prix Goncourt en 1968, il ressuscite à sa manière ses parents trop vite disparus et cherche à les comprendre. "Mon père aimait sa terre et je ne m’en suis jamais avisé de son vivant."

Il n’est pas étonnant qu’à s’intéresser ainsi à ce qui se passe dans la chair et les âmes des plus humbles il soit devenu l’un des écrivains les plus populaires de la seconde moitié du XXème siècle. Il donnait une voix et une force à ceux qu’on n’entend pas, qui s’identifiaient à ses personnages. Il affinait avec une opiniâtreté d’artisan son outil d’artiste pour les faire entendre. Il était autodidacte. A 14 ans, il avait quitté l’école pour un apprentissage de pâtissier qu’il a merveilleusement raconté dans "La maison des autres". Il détestait les salons parisiens. Il a démissionné du jury Goncourt où il avait été fier de succéder à Jean Giono. Il a été toute sa vie un ardent militant de la paix et des droits de l’homme. Sa Lettre à un képi blanc prenait fermement le parti du pacifisme et du désarmement.

On pouvait craindre qu’après sept ans d’absence la voix de Bernard Clavel ait perdu de sa vigueur. L’écho que tous les médias ont donné à l’annonce de son décès, le 5 octobre, est réconfortant. On peut espérer que, dans les semaines qui viennent, ses grandes œuvres vont retrouver les premières places sur les tables des libraires. Chef de file d’une littérature qu’on peut qualifier de "terroir" au noble sens du terme, il aura été constamment un enraciné déraciné. Il aura repris à sa manière ces deux beaux vers du poète québecois Gilles Vigneault qui était son ami :

« Je suis comme un arbre en voyage
Je m’en vais racines en l’air »

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