Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

dimanche 23 octobre 2011

"Lettre à ma mère" Georges Simenon.




Un petit livre par son format, mais un grand par la qualité...

Il y a une semaine dans l'émission "ça balance à Paris", un chroniqueur Arnaud Viviant a fait part devant Delphine de Vigan de sa lassitude qu'il a quand il voit sur les étals des librairies que des livres nombrilistes. Des écrivains qui passent leur temps à pleurnicher sur tel ou tel parent (qui ne les aurait pas aimé comme ils prétendent mériter), sur la mort de leur grand père, mère et compagnie. Il est vrai que les librairies ressemblent à des encyclopédies de névroses plus ou moins cachées. C'est lourd, on a l'impression de visiter des tombes dans un cimetière. Je suis même persuadée que le Père Lachaise est mille fois plus vivant que la rentrée littéraire actuelle. Cela fait longtemps que je le dis et je suis surprise qu'un chroniqueur pousse la même gueulante que moi... Je me sens moins isolée pour le coup.
Si seulement ces écrivaillons avaient la pudeur et le talent de Simenon. 

Pour son tout dernier livre, Georges Simenon veut crever l'abcès qui le ronge. Sa vie aux côtés d'une femme qu'il méconnait totalement, Henriette, sa mère. Il ne l'a jamais appelé Maman, toujours Mère. Une femme de devoir mais pas aimante. Pas aimante pour sa famille mais pour les autres oui. Une femme qui semble avoir vécu que pour elle. Georges et sa mère étaient comme deux co locataires d'une même maison, pas même un geste de tendresse. 

Ce texte est tout en pudeur, Georges respecte sa mère, ne cherche pas à la dénigrer. A quoi ça sert, Henriette est morte trois ans avant l'écriture de ce livre ! L'auteur livre sa dernière enquête tel Maigret voulant raccrocher. Une enquête minutieuse, toute une époque révolue. Et si c'était une façon de mieux se connaitre ?... Un livre de 90 pages mais tellement denses et émouvantes (je ne parle pas de sensiblerie inutile).

Comme quoi, on peut dire les choses telles qu'elles étaient, d'une manière respectueuse sans tomber dans le glauque... Ce qui est trop le cas actuellement.

Un livre qui est aussi passionnant par les "Dictées" à la fin du récit. Il raconte sa volonté de ne plus écrire. La parution de ce dernier livre... Une vraie séquence d'intimité avec l'auteur qui est pourtant reconnu pour être le plus distant et le plus pudique de sa génération. Un moment rare. Comme si on voyait des reportages à la télévision dans notre salon et que Georges était là pour nous les commenter...  Rien que pour ces dictées, le livre vaut le coup d'être lu...  Et vous ouvre les portes de l'univers de Simenon... Loin d'être poussiéreux et vieillot comme je pensais naguère... Je regrette d'avoir attendu quarante ans pour le découvrir...

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