Madame,
D'abord, Pardon, Madame... Pardon de vous avoir enterrée si vite... Je vous croyais morte depuis longtemps... Genre d'annonce trois lignes sur les journaux qu'on aurait pas lues... Imaginez ma stupéfaction d'apprendre que vous étiez en vie... à l'annonce de votre décès...
Ma grand mère était fana de vous... Elle avait énormément de disques de vous... Elle les mettait assez souvent quand elle cuisinait. Elle m'avait apprise vos chansons... "Trois notes de musique", "La complainte de la butte" (bien avant la désastreuse version d'un pseudo chanteur à minettes Patrick Bruel), "les feuilles mortes", "sur les marches du palais"... Et bien d'autres... Grâce à vos chansons, je me suis ouverte à l'univers de Prévert...
Avec ces vieux quarante cinq tours, j'ai passé une enfance assez protégée des fadaises de Chantal Goya... Votre voix, claire, précise... Vous articuliez (chose qu'on ne fait plus maintenant)... L'émotion, le respect du texte chanté... Que du bonheur...
Puis je me souviens aussi des reprises de vos chansons par l'immense Jacques Martin... Qui vous vouait un culte incroyable... Puis ensuite Pascal Sevran...
Grâce à vous, je me suis mise à rechercher les auteurs de votre temps... Et même ceux d'avant... Au temps ou la France était fière d'elle, rayonnait et ne cherchait pas à imiter la médiocrité de la production made in USA.
Votre plus grande fan, ma grand mère doit être contente de vous croiser là haut, Pascal, Jacques doivent se sentir moins seuls... Et votre voix par la magie de la technologie me refera plonger dans le passé... Dans la cuisine de chez ma grand mère quand elle me préparait son pot au feu de la semaine... Un temps révolu désormais...
Avec tout mon respect...
Sabine
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