Issu de son livre "Le Faiseur d'histoire" P 17/18
"Eh bien, à chaque fois qu'on m'a demandé à l'école d'écrire un devoir sur un sujet comme : "Le Prélude de Wordsworth : l'égotisme sans le sublime. Discutez", j'avais l'impression, en récupérant ma copie notée d'un 3, d'un 4 ou je ne sais quoi, d'être moi-même cet amoureux des chevaux qui bredouille tandis que le reste de la classe, avec des 12 et des 15, réunissait les avortons de perroquets, les je-sais-tout qui avaient perdu leur âme. Pour écrire des livres, les poèmes et pièces on ne devait ne pas s'y intéresser, pas réellement. Branlette d'écolier hystérique, évidemment, une attitude uniquement composée d'égocentrisme, de vanité et de lâcheté. Mais ô combien profondément ressentie. Durant tout le temps que j'ai passé à l'école, j'ai eu cette conviction, que les "études littéraires" se résumaient à une série d'autopsies exécutées par des techniciens sans âme ; pire que des autopsies : des biopsies. De la vivisection. Au films, que j'adore plus que tout au monde, plus que la vie même ; on inflige ça aux films, de nos jours. Actuellement, on ne peut plus parler de films sans méthodologie. Dès qu'ils commencent à donner des cours, vous savez que le domaine est mort. L'histoire, ai-je découvert m'offrait un terrain plus sûr : je n'aimais pas Raspoutine ou Talleyrand, Charles-Quint ou le Kaiser Guillaume. Qui le pourrait ? Un historien a l'agréable luxe de pouvoir indiquer, depuis la sécurité de son bureau, à quel endroit Napoléon a déconné, comment on aurait pu éviter telle révolution, renverser un tel dictateur ou remporter telles batailles. J'ai découvert que je pouvais être dépassionné sur l"histoire, où, par définition tout le monde est vraiment mort. Jusqu'à un certain point."
Bien vu Stephen...... A méditer....
God bless you dear Stephen !!!!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire