Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

dimanche 29 mai 2011

Fête ou... défaite des mères ????

 Actuellement, sur internet, les médias, toujours les mêmes mots bien pensants sur les mamans, la plus belle du monde, la plus gentilles "ke j'aimerai toute ma vie"... Dégoulinants de guimauve... Ecoeurant....


Le texte "Enfance"  de Martine Cuhaciender dans le recueil "Mémé passe à la télé" m'a réconciliée avec moi même. 


Je croyais être la seule en mon cas, trimballant un boulet mais non, 

LES MAUVAISES MÈRES NE SONT PAS UN MYTHE. 


Elles existent, j'en ai eu l'expérience, tout comme Martine apparemment.

"Une femme exceptionnelle. Oh oui je ne doute pas qu'elle l'ait été pour la terre entière... pour moi, elle n'était pas une mère ordinaire".

"Qui es-tu, ma mère ? Est-ce vraiment toi, cette femme sympathique et gaie, ouverte aux autres ? Pourquoi ne m'avoir donné le côté obscur de ton Être, pourquoi n'ai-je pu partager la joie avec toi ?"

J'ai cru que c'était la description de ma mère. Ma mère canonisée dans son travail, une Sainte, passant tous ses Noëls avec ses malades. N'oubliant pas les anniversaires de ses amis, collègues de travail et oubliant le mien.  Même mes amis d'école en voyant arriver ma pauvre grand mère me chercher à l'école  quand il pleuvaient en arrivait à en faire la confusion.

J'avais mes vengeances, les jours de fête des mères, la seule gâtée, la destinatrice de mes cadeaux scolaires étaient... pour ma grand mère. Celle qui se levait le soir quand j'étais malade, qui me nourrissait, qui me logeait, qui m'a appris à vivre...  Elle était dure et je la remercie. J'ai eu un bon tuteur pour la vie. Dire "bonne fête maman" à une femme qui n'en était pas une c'était incongru.

J'ai été dévastée par tant d'années à chercher l'amour, une seule phrase de bien, une once de fierté quand je réussissais mes examens. J'ai été malheureusement la petite fille modèle que tout le monde enviait dans le quartier, studieuse, ne refusant pas un coup de main, m'occupant de ma grand mère. Pas de scandale, pas de drogue... Rien.

Les fêtes des mères étaient pour moi un calvaire jusqu'à ce que je devienne maman. Mes enfants m'ont reconstruite, j'ai pu me construire une identité de maman, donnant tout ce que je n'ai pas reçu.  Mes enfants passent avant tout. Quand je serai plus vieille, que mes enfants seront grands, je pourrais mourir le coeur tranquille, le contrat rempli.  Je ne mourrais pas, je vivrai à travers eux et aussi à travers mes futurs petits enfants... Je n'arriverai jamais à comprendre qu'une femme devenue mère préfèrera toujours sa carrière qu'à ses enfants. Elle ne mesure pas la souffrance qu'elle cause par son égoïsme.

Je ne suis pas allée à l'hôpital quand ma mère est tombée malade, encore moins à son enterrement. Qu'elle se débrouille avec son autre famille ou je n'avais pas ma place. J'ai dù juste descendre à Toulon récupérer ses cendres... Et quand j'ai reçu l'urne, j'avais choqué le responsable des pompes funèbres par ma phrase "Alors maman, tout ça pour finir ainsi, est ce que cela valait le coup"... Le ridicule d'une urne m'a donné le point de départ de ma nouvelle vie.

Ce que je voulais dire à tous ceux qui ont souffert du manque d'une maman, ou d'un père que rien n'est foutu. Que tout est à construire dans nos vies et que le meilleur reste à venir... J'en suis la preuve vivante tout comme Martine. Tiens pendant qu'on y est... Un livre vient de paraître, 



je sens qu'on va en découvrir des choses, je l'attends pour vendredi (commandé)...

1 commentaire:

mart.13 a dit…

Mais non Sabine, vous n'êtes pas seule, nous sommes une flopée de petits coeurs remplis d'amour et jetés au fond d'un puits. Pourquoi moi ? Ne suis-je pas aimable avec ma gentille frimousse,quel est mon crime ? Mon crime, je le connais, c'est tout simplement d'exister, d'être là et de le revendiquer ; pourtant un jour il faut bien se l'avouer, nous avons une mère, comme chaque être vivant dans ce monde mais notre mère n'a pas d'enfant. Rien dans ce corps fermé ne nous rappelle la fusion de nos deux êtres. transparents en nous taisant, encombrants et gênants quand, à travers mille sottises on tente de se faire remarquer, comme un naufragé sur un pauvre rafiot miteux.
Rassurez-vous Sabine, j'ai toujours su au fond de moi que "je valais le coup" et je plains, au fond, cette femme de s'être privée de cette mine d'or pur mise entre ses mains par la grâce de Dieu. Je pense qu'il en est de même pour vous et pour tous nos frères et soeurs qui n'ont pas connu le fameux "instinct maternel".
Et au passage, vive la résilience, les jolies rencontres qui nous font épanouir,et même reconnaissance à cette frustration blessante qui nous rend si créatifs.
Martine.

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