Cela fait maintenant 3 ans que je suis ces deux écrivains, ces deux images de la littérature vendéenne et souvent je me suis prise à m'amuser de les comparer. Non pas au niveau de leurs bibliographies respectives totalement différentes mais par leur façon d'écrire.
Il y a l'artisan Yves Viollier et le Geek Neil Thomas.
Yves Viollier
Monsieur Yves est ce que je peux considéré un écrivain traditionnel. Celui qui s'enferme dans son bureau, je le sais très tôt le matin, quand toute la maisonnée est calme. Après son thé, il prend son stylo, noircit des feuilles, ratures, rajoute, corrige... Il est comme son père quand il taillait le bois pour faire des pièces de cuisine. Tout d'abord on coupe puis après on sculpte. Yves est pareil. On fait le gros oeuvre et pour le rendre unique, on taille, on sculpte, on rabote... Les corrections se font...
Tout au stylo, on recopie certains passage au traitement de texte pour faire une présentation correcte pour l'éditeur. Ah le traitement de texte, quelle sublime invention. Ma génération le réalise encore. Les machines mécaniques, interdit de faire des fautes, les doigts coincés entre les touches, je m'en rappelle encore et je suis ma fois très contente d'être passée par la. Puis les progrès techniques on fait de la machine à écrire un vrai bolide ! Les logiciels de traitements de textes qui facilitent le travail de tous. Plus besoin de calculer pour centrer un titre, plus besoin de compter les caractères pour justifier un travail...
Yves travaille dans le secret. C'est tellement vrai que souvent vers juillet et août, c'est un vrai défi pour moi de découvrir le nom du prochain livre. J'attends toujours la fuite. Si en plus je découvre la couverture... C'est champagne. Yves Viollier est "enceint" de son prochain livre. Et camoufle jalousement les échographies jusqu'à parution. Puis l'accouchement effectué, il est comme un papa fier de son rejeton.
Yves n'utilise pas les reseaux sociaux, ni site officiel (sauf celui de sa maison d'édition bien sur) pour se faire connaitre. Il n'a pas besoin de ça. Depuis son premier livre, il préfère le vrai contact. Il sait que le bouche à oreille, les critiques sur les journaux feront le reste. Mais il sait s'adapter, accepte les interviews des web émissions culturelles. Il participe aux dossiers bonus de la Vie. Il sait que le lecteur fouineur est forcément internaute. Puisqu'il n'y a plus d'émissions culturelles à la télé, on recherche les infos sur internet.
Ne lui parlez pas de Facebook, Twitter, il sait ce que c'est mais il n'est pas tombé dedans.... Il préfère s'occuper de ses divers engagements, à son écriture, ses lectures (pour la critique hebdomadaire pour le magazine "La Vie"). Les internautes fans de lui s'en chargeront de cette fameuse toile. Internet c'est pratique pour envoyer des mails c'est déjà ça...
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| Je vous mets au défi de grossir l'image pour comprendre ce qu'il y a d'écrit... |
Merci à Web Tv Culture pour les captures d'écran
Neil Thomas.
Si à la base, il travaille comme Yves Viollier. Il noircit lui aussi des cahiers. Puis doit les recopier tout en corrigeant. Mais une différence de taille : Il fait participer ses lecteurs.
Véritable adepte des réseaux sociaux, propriétaire d'un blog, d'un site internet. Lorsqu'il est en écriture, il aime instaurer une relation privilègiée avec ses lecteurs. Leur demandant leurs avis sur la couverture d'un livre. Appelant à l'aide quand il s'agit de trouver une référence, une image. Puis faisant souvent des sondages souvent ludiques mais toujours en rapport avec son travail. N'hésitant pas à faire part de ses doutes, hésitations. Les lecteurs pour lui sont importants. Des véritables actionnaires (pas financiers mais sentimentalement parlant) de l'édifice.
Tous les jours, un article de son blog arrive à nos boite aux lettres et on répond. Tout le long de l'année, on sait ou en est Neil. Ses galères vis à vis de certaines maisons d'éditions. Ses corrections qui le vident...
Il fait partie de ceux qu'on appelle les wannabe, ces écrivains passés par la case bloggeurs (souvent sur Myspace) et qui ont réussit à séduire un éditeur par ce biais. Je parle de Thierry Desaules, Valérie Debieux, Jean Noël Sciarini etc... Je me souviens des débuts sur Facebook ! En 2007, lorsqu'il était tout en américain, les galères pour comprendre l'esprit Facebook... Toute une époque révolue...
Je suis même sure que quand Diaspora sera disponible pour le grand Public, Neil y sera forcément.
Le résultat de cette démocratie participative : il s'est constitué tout un réseau de fidèles qui le suivent aux salons, aux séances de dédicaces... Le but est atteint. Même s'il voudrait élargir encore plus son lectorat.
Souvent quand je vois comment agit Neil, je me surprend à réfléchir comment agirait Yves Viollier s'il avait le même âge que Neil...
Deux écoles d'écrivains donc. Et je pourrais continuer à l'infini car à chaque écrivain, un style, une manière de faire tout ceci pour notre plaisir de lecteur. Michel Ragon a sa façon d'écrire, les anciens avaient leurs méthodes... Et l'écriture suit l'évolution de la société.
Deux manières donc différentes d'aborder le travail de l'écrivain.
L'écriture, toute écriture, reste une audace et un courage. Et représente un énorme travail.
Michèle Mailhot.
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