Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

mardi 16 novembre 2010

DES NOUVELLES DE MONSIEUR MICHEL RAGON SUR OUEST FRANCE

Michel Ragon : « L'Ouest est cher à mon coeur »


À 86 ans, l'écrivain libertaire nous reçoit dans son antre, sous les combles du Paris des grands boulevards. Heureux de nous parler de son attachement à la Vendée et à Nantes.

Rencontre

« Je vis ici depuis 30 ans, en plein Paris. J'ai réussi à acheter ce bureau, un lieu enchanteur bâti dans une chambre de bonne. J'y vis entouré de livres et de vieux outils, faucille, petite fourche, qui sont autant de souvenirs de cette vie paysanne qui a tellement compté pour moi. Le fils d'un de mes cousins germains, un Ragon, habite toujours dans le Sud-Vendée. Et des petits-cousins, que j'aime bien, ont des fermes là-bas.

Une mère pauvre toute sa vie

J'ai perdu mon père à 8 ans. Il était sous-officier de la coloniale. Ça m'embête d'être né à Marseille. Car je me sens profondément vendéen. Aussitôt après l'accouchement, ma mère, qui était très lapin de chou, n'a eu qu'une envie : retourner à Fontenay-le-Comte, chez ses parents. Ma mère était lingère dans un château. Elle a été pauvre toute sa vie.

J'avais 14 ans lorsqu'elle va voir le directeur des frères et le curé de la paroisse pour leur demander si je pouvais aller au collège. « À l'école sans dieu, certainement pas, il vaut mieux qu'il travaille », lui répondent-ils. C'est comme ça que nous sommes partis à Nantes, où nous vivions comme des immigrés, sans logement ni travail.

Au bout d'un moment, nous trouvons à nous embaucher : ma mère comme concierge et moi comme garçon de course. C'est terrible d'être pauvre, on ne connaît pas ses droits, où se renseigner. Car j'aurais pu avoir une bourse d'études, comme Pupille de la Nation, et éviter de sortir de l'école sans autre diplôme qu'un certificat d'études.

Un homme libre

J'ai longtemps gardé un lien très fort avec Fontenay-le-Comte. Le maire, André Forens, me fêtait tous les ans en mairie. Ça s'est cassé avec son successeur et les maires socialistes qui ne voyaient pas d'un bon oeil le fait que j'étais ami de Philippe de Villiers, qui a découvert la Vendée avec mes livres. L'accent de ma mère a été pour lui une révélation. Mais je n'ai jamais eu d'accord politique avec De Villiers, pas plus qu'avec les socialistes d'ailleurs, même si j'ai une fois soutenu la candidature de Jean-Marc Ayrault à la députation. Je suis un homme libre, un libertaire. Mais aussi un homme ouvert.

J'ai écrit L'accent de ma mère en 1980, à la suite de la mort de ma mère, qui m'a fait un choc très grand, alors que je venais d'être nommé professeur à l'École nationale des arts décoratifs. Soudain, c'est toute la Vendée, le passé paysan, les promenades au Jardin des Plantes de Nantes, ma vie d'avant la vie confortable qui mourait. Je m'interrogeais : qu'y avait-il derrière cette femme si simple, si paumée dans le milieu intellectuel ? En écrivant, c'est tout un passé enfoui au fond de moi qui ressurgissait.

Une insurrection populaire

L'accueil prodigieux du livre m'a encouragé à poursuivre le cycle vendéen. Un jour, je me dis : qu'est-ce qu'il y a derrière cette Vendée dont on parle si mal ? J'ai cherché. Et j'ai écrit Les mouchoirs rouges de Cholet, la première mémoire des vaincus, celle des Vendéens de 1793, la deuxième étant celle des anarchistes. Et là, ça a été le débordement. Le livre s'est vendu à plus de 400 000 exemplaires.

Dans mes recherches, j'ai découvert que la première époque du soulèvement vendéen n'était pas celle qu'on disait. Elle n'était pas catholique et royale, mais populaire et très anarchiste finalement. Ce sont les paysans, mais aussi les tisserands, les forgerons, qui se soulevaient contre la bourgeoisie des villes bénéficiaire de la Révolution. Le drame c'est que les Vendéens, qui ne se battaient pas comme une armée classique, sont devenus tellement forts qu'ils pensaient pouvoir battre Nantes. Et là, ça a été la catastrophe. »

Gaspard NORRITO. 

Message perso à Monsieur Ragon, je suis bien née pas loin de Marseille, Toulon et pourtant je me sens terriblement vendéenne car ma famille était vendéenne.... Vous n'êtes pas seul en votre cas....

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