Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

dimanche 14 août 2011

"Rigodon" Louis Ferdinand Céline




«aucune indulgence pour moi-même, jamais j'ai eu, jamais j'aurai... oh, pou ça des autres non plus !... vacheries infinies... je peux dire que j'ai été gtâté... rien a manqué à ma nature... laissons la philosophie à la grande publicité» LF Céline


Vous ouvrez ce livre, vous entrez dans la maison de Céline. Vous traversez le jardin du 25ter route des Gardes de Meudon. Il vous ouvre sa porte de sa maison, vous invite à sa table de travail. Vous voyez un joyeux bazar dessus le bureau... Des écrits accrochés avec des épingles à linge en bois... Des chapîtres, des brouillons...L'artisan à sa table tel l'ébéniste devant un meuble...

Il vous invite à vous asseoir, gentiment. Il est plein d'attention avec vous "Honoré lecteur" par ci, par là. Il s'arrange que vous alliez bien... Il doit écrire une chronique, il doit vous la raconter. Mais hélas, il est dérangé par les appels de journalistes, d'admirateurs... Et vous verrez que l'aimable écrivain Destouches devient le Monstre Médiatique "Céline". Il s'arrange pour que le scandale éclate. Il sait que les journalistes en rajouteront encore et encore sur trois malheureux mots. Il délirera jusqu'à inventer l'invasion des Chinois en France, il sait que c'est du pain béni pour les journalistes en manque de scandale. Il force le trait, il accentue. Il s'en amuse visiblement.

Il vous raconte son histoire de voyage vers Hanovre... Une chronique qui deviendra vite un roman. Céline n'est pas romancier, Céline n'aime pas le tiède. Il ne sera jamais le peintre  des mots, mais l'artificier, celui qui bombarde pour mieux marquer les esprits.  "Rigodon" est une danse spirituelle qu'il propose à son lecteur. Tel un tango...

Céline n'oubliera pas à jeter quelques flèches aigre douces sur la société actuelle (de son époque mais il pourrait faire de même avec celle d'aujourd'hui). Sur la jeunesse, sur la postérité, sur la lâcheté des gens...

Il finira son manuscrit épuisé... 791 pages... Il écrira une lettre d'accompagnement pour son éditeur. Il sera vidé, lessivé... le lendemain, le 1er Juillet 1961, Céline mourrait d'une attaque cérébrale. Donc quand vous refermerez ce livre, vous aurez la pensée que ce fut la dernière journée de vie de Céline...

J'ai une particulière affection pour ce livre... Qui reste malgré lui un testament littéraire, Céline qui a vécu que pour et par la littérature, se sacrifiant même pour elle.... Chose rare de nos jours... Dommage, il avait tant de choses à nous dire... Il est parti avec ses secrets dans la tombe à Meudon mais continue le dialogue avec ses lecteurs même si ceux ci ont l'âge d'être ses petits enfants.... Non monsieur Céline votre postériorité n'est pas seulement comme vous l'avez écrit :


«Celui qui parle de l'avenir est un coquin. C'est l'actuel qui compte. Invoquer sa postérité, c'est faire un discours aux asticots».

Mais bon, on a trouvé personne pour vous remplacer cher Louis Ferdinand.....

Note de Sab.... Sachant que LF aura les honneurs de la Pléïade seulement 6 mois après sa mort.... Celui qui a le premier exemplaire de ce livre recueil a bien de la chance car "Rigodon" a été édité seulement en 1969... Qu'il conserve bien ce livre... Il a un prix inestimable....

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