Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

mardi 28 septembre 2010

samedi 25 septembre 2010 sur OUEST FRANCE

Yves Viollier s'est délivré des Guerres de Vendée

Yves Viollier dans son antre de Château-Fromage. « La Vendée a encore besoin de se délivrer des horreurs de la Guerre civile de 1793. »

Délivre-moi, le dernier livre de l'écrivain sur les charniers du Mans, fait encore un tabac. L'auteur vendéen,à raison d'un livre par an, est abonné au succès. Cette fois, il nous prend aux tripes.


Portrait

Dans son antre de Château-Fromage, près de La Roche-sur-Yon (Vendée), le jeune professeur retraité Yves Viollier est devenu un forcené de travail, debout à 6 h, journée littéraire finie à midi. « Après, le reste de ma journée n'est que du bonus. Mais je ne connais pas d'autre recette que le matin, de bonne heure, pour le travail de labour que constitue l'écriture d'un roman. »

La fameuse recette est celle de Simenon, qu'il lit et relit. Ou de Zola. Viollier est d'ailleurs une sorte de « Zola vendéen », où les doutes de ses héros renvoient aux tares des Rougon-Macquart, les personnages de la saga de Zola.

Mais le Zola vendéen est avant tout un auteur populaire, parmi les piliers catalogués de « l'école de Brive », centrée sur l'univers de la ruralité. De quoi faire grincer les dents de quelques intellos ! D'autant qu'Yves Viollier est chrétien et qu'il l'affiche dans les questionnements de ses héros.

On le voit dans Les lilas de mer, un de ses plus remarquables romans (prix Exbrayat 2001), qui se déroule à L'Aiguillon-sur-Mer, ou dans Aide-toi et le ciel..., paru l'année dernière. Son ami Michel Ragon, autre fameux écrivain vendéen, le définit volontiers comme Tolstoï : « un anarchiste chrétien ! ».

« Les valises du passé »

C'est avec La chasse aux loups et Le grand cortège que Viollier s'est fait connaître du grand public, au milieu des années 80. Il y contait l'exode précipité de ces cent mille Vendéens qui, après la défaite de Cholet, fuirent vers Granville en livrant bataille.

C'est la tragique Virée de Galerne de 1793, dont le sanglant dénouement se joua en partie au Mans, par d'horribles massacres. Massacres confirmés par le charnier que les archéologues ont récemment exhumé dans le chef-lieu de la Sarthe.

« Lorsque j'ai lu l'info dans Ouest-France, j'ai sauté dans ma voiture et je suis arrivé directement place des Jacobins. Et ce que j'ai vu m'a profondément troublé. » L'anarchiste chrétien construit sur ce charnier la trame de Délivre-moi, son dernier roman tout juste sorti chez Laffont.

Il y redonne chair aux héros (et notamment, le personnage de Sétima) du Grand cortège. Sans pour autant en faire une suite, car il met aussi en scène une photographe contemporaine, « qui porte en elle les lourdes valises du passé ».

Porté par la lecture de ce chassé-croisé entre la photographe et son ancêtre, le journaliste Pierre Péan, natif du Maine-et-Loire, l'avoue volontiers : « Je suis secoué par le livre de Viollier. »

L'auteur d'Une jeunesse française (la fameuse biographie sur Mitterrand) et, récemment, d'Une blessure française (les soulèvements populaires dans l'Ouest sous la Révolution), s'y « retrouve complètement ! Ce livre rejoint mon histoire personnelle, une aïeule violée par les soldats de Hoche... » Violée et survivante.

Car Péan et Viollier portent eux aussi ces valises du passé, tiennent en fin de compte le même discours : la Vendée a encore besoin de se délivrer de cette horreur exterminatrice à laquelle elle a survécu.

Philippe GILBERT.

Aucun commentaire:

LinkWithin

Related Posts with Thumbnails