Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

vendredi 3 septembre 2010

"Délivre moi" Yves Viollier - Part 1 Critique

Voilà je l'ai entre les mains le dernier né d'Yves Viollier. Couverture sublime, lumineuse. Oui lumineuse malgré le fond noir. Lumineuse par la beauté extrême de la jeune fille qui y est ainsi photographiée. J'aurais cru à une image digne des romans de Virginia Woolf. Elle en est intemporelle. Qui est elle ? Clotilde ou Setima ?

C'est ce qu'on essaie de découvrir en lisant "Délivre moi".

Clotilde aurait tout pour plaire ! Un mari aimant et attentionné : Marc. Un petit garçon adopté qui l'adore Ernest. Un métier qui la passionne, elle est reporter photographe réputée. Elle s'est battue pour construire sa famille, pas évident avec une mère qui ne l'a jamais aimée réellement. Mais hélas, derrière ces apparences il se trame un drame. Clotilde est obsédée jusqu'à en tomber malade des images d'une certaine Setima. Setima qui a vécu les pires moments des massacres des vendéens au Mans.

Il a suffit qu'on découvre un charnier en plein milieu du Mans pour qu'elle se décide à percer le mystère de toutes ces affreuses images qui la hante depuis sa tendre enfance. Elle part au Mans, avec son appareil photo armé à mitrailler ces ossements mis à jour. Elle ne sait pas jusqu'ou Setima va l'emmener et arrivera -t'elle à se défaire de ces images qui la poursuivent ?

Un livre magistralement écrit par Yves Viollier. Un Yves Viollier au mieux de sa forme. Je sais je le dis à chaque fois mais cette fois-ci, il s'est surpassé. Certes ce livre n'a pas dù être simple à écrire. Les recherches historiques, les études des documents de l'époque le prouvent. Le récit de Setima est vivant. On est avec elle dans les massacres, dans le jugement. Et quand on se sent ainsi projeté (comme si on avait pris la machine à remonter le temps) dans une époque, c'est une réussite. Puis Yves est passé maitre de l'effet de style comme on dit dans les séries tv, du clifhanger. On est tenu en suspens tout le long, alternant les périodes Clotilde/Setima et au moment ou le suspens est à son paroxysme clac !  on bascule dans une autre période. On ne s'ennuie pas un instant. Yves ne tombe pas dans le piège du récit fantastique qui aurait pu rendre peu crédible son roman. Beaucoup aurait été tentés.

Ce que j'aime en ce récit c'est qu'il n'y a pas de côté moralisateur, révisionniste. Franchement, cela en devient lassant ces remises en questions, ces débats... qui ne feront revenir personne. Yves Viollier n'a pas voulu opposer les bourreaux et les victimes. La nature humaine est bien plus complexe que ça.  Et cela aurait plombé le roman à mon avis.  C'est à nous de nous faire une idée en faisant nous même les recherches. Yves Viollier est romancier pas essayiste. 

Bref, un roman qui vous envoutera, un vrai délice pour les soirées automnales et hivernales. Un très beau roman, un des meilleurs de la cuvée Viollier... S'il y en avait qu'un livre à lire, ou à conseiller à quelqu'un qui ne connait pas l'auteur vendéen, cela serait bien celui là !

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