Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

mardi 31 mai 2011

Hervé GUIBERT, l'ami qui m'a sauvée la vie...


 Il y a tout juste 20 ans, le 27 décembre 1991 décédait Hervé GUIBERT.



Devenu quasiment aveugle par cytomégalovirus lié au Sida, il fait   une tentative de suicide la veille de son anniversaire, le 14 décembre. 13 jours après il avait fini de souffrir.

Hervé avait une gueule d'ange. Un charisme fabuleux. Il était écrivain, journaliste, photographe.  En fait, il est connu je dirais malheureusement à cause de l'annonce de sa séropositivité en 1988. A cette époque le Sida faisait encore la une des journaux, alimentait toutes les rumeurs les plus folles les unes des autres. Certains cachaient leurs maladies et décédaient de pseudos cancers foudroyants (comme je le pense pour certains cancers foudroyant certaines stars actuellement).  J'ai réalisé que tous pouvait être contaminé par ce virus. Qu'il ne fallait plus faire confiance même au nom de l'amour, cela était une question de vie ou de mort. Oui, il m'avait ouvert les yeux sur une cruelle réalité.  D'ailleurs ce livre aux pages jaunies porte encore toute une boule d'émotion. J'ai encore mal de l'ouvrir, de relire ces phrases. De réaliser les ravages de cette horrible maladie. Ce gâchis que constitue la perte d'Hervé, un homme si jeune qui avait encore plein de choses à nous faire découvrir.


Il a écrit le livre qui allait bouleverser toute une partie de la population, les jeunes qui avaient vingt ans à cette époque entre autres. "A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie". J'ai lu ce livre à l'époque à cause de la publicité qui en avait été faite. Je ne l'ai pas regretté.  Il a changé ma vision sur le Sida, tout le monde et pas seulement les stars pouvaient l'attrapper. Il était clair qu'on pouvait donner de l'amour comme la mort.  Ce livre qui aurait pu être de la colère a été un témoignage lucide sur l'époque.

Il s'en est suivit de 3 "tomes" relatant sa descente aux enfers.
  • Le Protocole Compationnel
  • L'Homme au Chapeau Rouge
  • Cytomégalovirus
Ces quatre livres certes, un peu démodés actuellement -les progrès de la médecine sont là- mais ils racontent une histoire d'un homme.

Un homme si particulier.

Photographe talentueux, écrivain hors normes. Auteur de nombreuses nouvelles, de portraits. Le plus célèbre est celui de Zouc. Il avait une vision sur la vie culturelle en générale assez lucide et sans concession. La photographie lui tenait particulièrement à coeur. Il en avait fait tout un livre de critique de la photographie "La photo, inéluctablement : recueil d'articles sur la photographie".

Je tiens aussi également à remercier sa femme Christine qui a tout mis en œuvre pour rassembler ses écrits pour "Articles intrépides 1977-1985" articles paru dans le journal "Le Monde", sans oublier son sublime Journal "Le Mausolée des amants".

Bien d'autres recueils sont parus et surement réédités via Folio qui ne manquera pas de rendre hommage à Hervé Guibert. J'espère ne pas être la seule, cela m'étonnerait car son souvenir est encore vivace dans nos coeurs. Jamais on ne peut oublier un si bel homme. Beau à l'extérieur, beau à l'intérieur.

 "Ecrire dans le noir ?
Ecrire jusqu'au bout ?
En finir pour ne pas arriver à la peur de la mort ?"

Les derniers mots écrits par Hervé Guibert "Cytomégalovirus"

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