Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

dimanche 2 octobre 2011

"Chroniques de la dernière révolution" Antoni Casas Ros..

«Assez des demi-solutions, assez des discours moralisateurs, assez des idéalistes qui veulent sauver le monde du chaos. La perversité humaine, la vanité, l'orgueil, l'argent , le pouvoir sont les vrais moteurs du monde. Une seule solution : la dernière révolution ! Le chaos ! Ensuite, peut-être, l'homme pourra tirer parti de l'extrême destruction et renaître . S'il échoue, le monde sera enfin silencieux et flottera dans l'azur sans satellites pour le filmer. L'Océan appartiendra au ciel, les forêts aux fleuves, les glaces au bleu profond. Toute la connaissance humaine, toute la créativité , le génie, comme une mélodie qui se perd dans le gouffre des volcans. Il y a du feu en nous, qu'il nous consume, qu'il transforme notre vanité en une lente coulée de lave qui s'échappe dans le ciel à la recherche de l'indicible.»  

La révolution est donc en marche. Une révolution ponctuée par des "Jumps" des "Flying freedom" relayés par les journaux du monde entier et aussi par les fameux chroniqueurs qui à travers le monde postent sur internet des chroniques des reportages et suscite l'intérêt du FBI. Le Fabulous Bureau of Interconnexion. Ces jumps, qui nous font penser étonnamment à ces gens qui se sont jetés des fenêtres du World Trade Center, sachant qu'ils allaient mourir ainsi mais ils voulaient jusqu'au bout de leurs vies choisir. Choisir de mourir en hommes libres qu'emprisonnés, dans des tonnes de gravats. Ces jeunes qui se jettent ainsi des tours, des avions à la manière des flash mobs (scénettes de danses filmées pour faire le buzz sur internet), préfèrent la mort que d'être écrasés par le système. Rien ne rattache à la vie, «Déchirez le système ! Vomissez les conneries dont on vous nourrit» même pas l'écologie ! «L'écologie, la vraie est une terre sans hommes ! Tout le reste c'est des conneries de friqués qui veulent s'acheter une conscience. La littérature c'est l'art ultime. Hier et aujourd'hui à la même place ! Rien n'est mort !» 

Un roman au style futuriste mais capable d'être réalisable en notre époque. Il m'a fait penser aux fameux "Bébés de la consigne automatique" de Ryu Murrakami et aussi au livre "La nuit des enfants rois" de Lenteric. Réalisable surement ! Antoni Casas Ros est un habitué des réseaux sociaux, il les fréquente. Ce qui rend son récit crédible. 

Ses "Chroniqueurs" peuvent être des auteurs du site "Le Post" ou autre journal communautaire comme il en existe sur la toile. Les flashs mobs suicidaires, c'est possible... Il arrive que des jeunes mettent en scène leur propre suicide via des scènes filmées par webcams... Toutes les décisions se passent par la toile, les infos circulent ainsi, on change d'identité toutes les cinq minutes si la situation s'avère nécessaire. Les médias traditionnels (Télé et journaux) à la traine (comme ils le sont déjà à cause de twitter). Un(e) étrange chef, gourou spirituel au nom de Y. Un laboratoire qui découvre le vaccin contre le Sida mais qui ne révèle pas ce secret pour des raisons financières. Le chaos dans les bourses (tiens, tiens, cela me fait penser aux problèmes de l'Euro, de la dette européenne et américaine et leurs conséquences sur les marchés financiers proches du gouffre).

"La démocratie. Voilà encore un concept auquel je n’adhère pas. Comment ose-t-on utiliser ce mot pour désigner des systèmes qui sont plus proches du totalitarisme que d’autre chose ? Notre démocratie, c’est quand tout le monde est totalement manipulé et contrôlé, la grande chorale des esclaves entonne un hymne à la liberté. «Dictature» a le mérite d’être clair. On sait au moins qu’il n’y a pas de liberté."

On suit la vie de ces chroniqueurs à travers le monde. On suit leur combat, leurs écrits. Le revirement de Batam, l'agent du FBI, très instructif. Un livre totalement hallucinant. Si on ne veut pas être dérangés par ses principes, c'est pas le livre qu'il vous faut. Tout est remis en question, on fini même pas se remettre en question. Des enseignements sur notre capacité à lutter contre un certain système... On finit même par ne plus regarder les informations à la télé comme avant. Surtout en France en cette période d'élection. Je vous conseille vivement l'excellente recette de la dictature de Naomi, la chroniqueuse de Washington (p 256). Vraiment un calque sur ce qui se passe en France. Mais jusqu'ou va aller cette marche vers cette révolution ? Au chaos ? A la rédemption ?

J'ai mis beaucoup de temps à le lire, il est tellement dense.  Rempli de tiroirs qu'il nous faut fouiller les uns après les autres. Je vous le conseille à tous, histoire de méditer sur nos agissements au quotidien, la place importante des réseaux sociaux... Un livre qui ne vous laissera pas indifférent...

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