Le résumé succinct : Le destin des habitants de la Faute sur Mer pris au piège de Xynthia le 27 février 2010. Yves Viollier relate à travers trois lieux comment les gens ont vécu l'enfer. Entre le berger Guillaume qui a tout perdu de son troupeau, les grands parents Montauran emportés par la vague avec leurs petits enfants. L'incroyable sauvetage de Julie et de son chat accrochés à un pylône.
Pas évident d'écrire sur un tel sujet, surtout pas si vieux dans le temps. La facilité aurait été de tomber dans le mélo tellement à la mode ces temps-ci. Genre d'écrit compassionel réducteur. Entre d'un côté les pauvres victimes et de l'autre la fatalité. Or, ce qui est arrivé à la Faute sur Mer est tout sauf de la fatalité. On le réalise au fur à mesure du recul qu'on a maintenant face aux évènements. Yves Viollier dans son récit pose les questions à sa façon. Pourquoi ont ils construit si près des digues, au dessous du niveau de la mer ? Pourquoi les céréaliers ont ils transformé les terres pour agrandir les exploitations tout en sacrifiant certaines digues ? Pourquoi les maires ont ils été aussi cupides de donner des permis de construire à tout de bras, par clientélisme ?
Cela aurait pu tourner au pamphlet. L'auteur qui aime tant sa terre, aurait pu faire éclater sa légitime colère. Lui qui avait écrit les prophétiques "Lilas de Mer" et "La chanson de Molly Malone". Ces deux romans parlent aussi de digues dévastées, d'inondations qui se sont déroulées dans le passé. Mais ce n'est pas son style. Il préfère faire surgir les questions toutes seules au détour d'une scène.
"La mer était si calme" m'a fait penser à un autre tout aussi bouleversant ; "L'homme qui tombe" de Don Delillo. L'histoire d'un homme, Keith, rescapé des attentats du 11 septembre 2011. Sa culpabilité d'être survivant, comment reconstruire le puzzle du passé, recommencer à vivre... C'est ce que Yves a voulu montrer à travers ses personnages avec l'évocation de la messe. A la différence près c'est que Delillo a mis 6 ans pour faire paraitre son roman.
Xynthia, on en a pas fini d'en parler, d'en écrire des pages. Tout comme le barrage de Malpasset au nord de Frejus qui avait cédé en 1959 et qui est resté encore dans la mémoire collective de ceux qui vivaient à cette époque. Je me souviens encore des récits de ma grand mère me relatant "le Reyran" qui l'avait marquée.
Est ce qu'un roman en posant les salutaires questions, peut arriver à changer les mentalités afin d'éviter un tel drame ne se reproduise ...Gros point d'interrogation.
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