Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

mercredi 1 décembre 2010

LA ROCHELLE BIENTÔT : EXCELLENT ARTICLE SUR YVES VIOLLIER

Issu du Journal Sud Ouest daté du 30 novembre 2010




La Rochelle

Yves Viollier : « L'actualité m'est revenue en pleine figure »

Présent au salon du livre de La Rochelle en fin de semaine, le romancier vendéen Yves Viollier avait raconté dans « Les lilas de mer » la submersion de l'Aiguillon-sur-Mer. Prémonitoire.

Yves Viollier : « C'est aussi le rôle d'un écrivain que de capter ce qui est dans l'air ». photo archives anne lacaud


«J'y suis retourné, bien sûr, depuis Xynthia. À l'Aiguillon, à la Faute, à Charron. J'ai besoin de continuer à rencontrer ces gens, de donner de la chair à leur souffrance, à leurs douleurs, leurs espérances ». Yves Viollier parle de son prochain livre. Celui qu'il écrit dans le secret de sa maison isolée dans le bocage vendéen, pas très loin de Château Fromage, cette commune rayée de la carte après la Révolution. « C'est là que sont mes racines ».

Si sa présence au salon du livre de La Rochelle en fin de semaine (lire ci-contre) est surtout due à la sortie de son dernier ouvrage « Délivre moi », il ne pourra échapper aux questions sur « Les Lilas de mer », sorti en 2001 pour lequel il a reçu le prix Exbrayat et dans lequel il raconte l'histoire de deux submersions de la digue de l'Aiguillon-sur-Mer en 1877 et 1891.


La fragilité des digues

« L'actualité m'est revenue en pleine figure le 28 février dernier. A la lumière de Xynthia, les gens se sont identifiés dans mon livre. Mon éditeur (1) m'a téléphoné quelques jours après la tempête pour me dire qu'il allait réimprimer le livre étant donné la nouvelle demande ». Prémonitoire, Yves Viollier avait raconté, sans nommer la commune, la fragilité des digues et l'inconséquence à construire sous le niveau de la mer.

« Je ne suis pas journaliste. Mais c'est aussi le rôle d'un écrivain que de capter ce qui est dans l'air. Quand j'ai découvert cette digue il y a une dizaine d'années, je me suis dit : '' attention danger''. J'aurais nettement préféré ne pas avoir raison ».

Depuis, les images de Xynthia l'obsèdent et il écrit pour incarner cette tragédie. « Je n'ai pas le sentiment d'être un écrivain pessimiste. Mais je pense avoir un devoir de lucidité. Jusqu'alors, mon œuvre puisait plutôt dans l'histoire plus lointaine. Cette fois, je suis plus dans l'histoire immédiate. Mais il n'y a pas tant de différences », poursuit l'auteur vendéen.

Son dernier roman paru, « Délivre-moi » en est l'illustration. Il s'intéresse là aux charniers du Mans découverts début 2009 et qui remontent aux guerres de Vendée. Toujours de l'actualité. « Quand j'ai appris la découverte, je suis aussitôt allé sur place et j'ai été très choqué par ce que j'ai vu ».

Tourmente de l'actualité

Contemporaine de cette macabre découverte, son héroïne, Clotilde, ne cesse de revoir des images de cette nuit du 13 décembre 1793 où les armées vendéennes ont été mises en déroute. « Clotilde, c'est un peu moi. Mes ancêtres ont participé à ces guerres de Vendée il y a deux siècles. Et je suis sûr d'en avoir trace dans mon ADN. C'est dans mon inconscient, aux tréfonds de mon cerveau reptilien. Et je crois qu'on est tous pareils à porter les stigmates de notre histoire familiale ».

Les charniers du Mans révélés, le mortel passage de Xynthia : Yves Viollier puise son inspiration dans la tourmente de l'actualité. Avec toujours ce souci de rester un auteur régional, imprégné de ses racines, de sa terre et complice des hommes qui y vivent. Avant d'écrire les « Lilas de Mer », il avait embarqué avec les mytiliculteurs dans la baie de l'Aiguillon. Comme jadis Simenon qui avait si bien saisi la rudesse du métier dans « Coup de vague ». Un autre titre qui laisse rêveur quand on repense à Xynthia.

(1) Robert Laffont.

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