Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

lundi 4 octobre 2010

"La nuit de Kahina" François Léotard


"Je ne sais pas si l'Histoire se répète toujours. Je sais seulement qu'elle parvient avec talent à s'imiter elle-même".  François Léotard.   




Résumé : Deux destins d'homme entre 1945 et 1979. Deux amis, Bob et Max. Le premier est légionnaire, le second photographe. Ils se sont connus lors de la guerre d'Indochine et sont restés inséparables durant la guerre d'Algérie. Une amitié forte les réunit et pas seulement, la passion pour une jeune Kabyle, Kahina qu'ils ont recueillie. Une jeune femme meurtrie, blessée, violée et par dessus tout enceinte de ce viol. Ils la prendront sous leurs ailes, la ramèneront en France. Il y naitra un fils, Krim par qui le drame va se nouer.   

Un livre choc. Car si on écoute nos parents (je parle de ceux qui ont le même âge que moi la quarantaine) la vie était mieux avant. C'était les Yéyé, la reconstruction de la France après la guerre, le progrès technique... Mais en fait, quand on lit le livre de François Léotard on réalise qu'au contraire, cette génération a fait la politique de l'autruche. Ils n'ont pas réalisé ce qu'allaient apporter ces défaites d'Indochine et particulièrement l'Algérie. Tous ses problèmes futurs, la perte de l'aura française dans le monde. On est loin d'un pays en paix. La France est perpétuellement en guerre. Certes la forme change mais les conséquences restent les mêmes. Actuellement des bataillons de soldats sont envoyés en Afghanistan pour ne citer qu'eux.   

Ce livre parle aussi de l'héritage culturel et identitaire via le personnage de Krim. Un jeune homme écartelé et écorché vif. Il nous fait comprendre le cheminement que certains peuvent emprunter pour aller jusqu'au terrorisme.    Ce livre permettra de prendre du recul quand on lira des livres relatant cette période. La vie n'était pas si rose que cela.

Bien au contraire.
Même les livres ne sont plus un rampart contre la violence. Ni la culture, ni la connaissance. Rien ne peut lutter contre les va-t-en guerre et les politiciens incompétents.  

Quand on analyse le personnage de Bob, on peut y voir un clin d'oeil à Philippe Léotard. Cet homme qui voulait helléniser l'Irlande (Philippe avait appris le grec ancien), Bob qui parlait plusieurs langues, ce légionnaire qui avait du succès auprès de la gente féminine... Un homme qui s'excluait du monde, qui se mettait en retrait, qui avait créé son propre univers (les cantines retrouvées chez lui)...Et bien d'autres détails que vous découvrirez....

Après le magnifique "Le Silence", François Léotard nous surprend donc avec un roman dense, bien construit et surtout très bien documenté.

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