Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

mercredi 29 septembre 2010

"Le sel" Jean Baptiste DEL AMO







Résumé : Louise une vieille maman a décidé d'avoir ce soir à diner ses trois enfants. Jonas, Fanny et Albin... Une histoire qui peut arriver dans bien des familles. Un acte anodin et assez banal en quelque sorte.

Sauf qu'on suit les personnage tout au long de la journée. Les préparatifs, le quotidien ... Et cette perspective de diner familial est l'occasion de faire ressurgir des sentiments enfouis. Les non dits, les souvenirs d'enfance douloureux... Les rendez vous manqués.

Les quatre personnages y sont présentés telles des poupées gigognes. La mère en premier qui abrite les enfants. Sans oublier le fantôme du père Armand. Ce père brutal, incapable de sentiments... Et plus loin encore le grand père rital (père d'Armand) despotique. Un vrai travail d'écriture ! Cela m'a fait penser à un même genre de livre "Enigma" d'Antoni Casas Ros.Sans oublier la désormais marque de fabrique "Del Amo" ses descriptions de paysages incomparables. Sète raconté loin des clichés "carte postale".  Il nous avait intrigué par la description de Paris de l'Education libertine... Il nous surprend avec la description de la Méditerranée (on est bien loin du poème de Charles Trenet).

Fanny, la fille qui n'arrive pas à se consoler de la perte accidentelle de sa fille. Qui reproche à sa mère de ne pas l'avoir assez aimée.

Albin, le clone du père, violent, brusque...

Et surtout Jonas, le frêle jeune homme homosexuel et traité ainsi à cause de ça. Un personnage tout à fait émouvant qui m'a fait penser à Jean Baptiste à cause de sa description physique.

Un beau portrait de la mère Louise. Tout en finesse et de justesse "Les malheurs du monde devaient être le fait d'elles seules les mères ? Comment pourraient-elles se défaire de la culpabilité que, depuis toujours, les enfants leur font endosser ?"

Tout un livre basé par la transmission entre les générations, la place du nœud familial dans les destins de chacun. Pour certains, la famille est lieu ou on ne parle pas, qu'on évite gentiment, ou l'on s'exaspère quand on se réunit pour des broutilles. Le cas Beigbeder dans le "Roman Français" qui décrit bien le manque transmission de l'héritage familial à notre époque par ce passage émouvant

"Mes quatre grands parents sont morts avant que je m'intérresse de près à leur existence. Les enfants prennent leur éternité pour une généralité, mais les parents de leurs parents disparaissent sans leur laisser le temps de poser toutes les questions. Au moment où, devenus parents à leur tour, les enfants veulent enfin savoir d'où ils viennent, les tombes ne répondent plus".

Le cas Beigbeder est symptomatique de ma génération. On a eu des familles qu'on a voulu s'échapper. Tout comme les enfants de Louise. Ils ne rêvent que de s'émanciper de la violence paternelle, tout faire pour ne pas ressembler à leur père. Jean Baptiste Del Amo a bien su décrire cette ambiance pesante et lourde.

Et par contre, je lis les propos de Yves Viollier sur le Journal du Pays Yonnais, la description de la famille selon lui "Le lieu privilégié où se contruire aujourd'hui c'est la famille. Gide disait : "Famille, je vous hais !" Ça peut être un lieu d'oppression mais c'est aussi le lieu d'amour, à partir duquel on peut regarder devant. La famille c'est aussi notre héritage, notre point d'ancrage".

La famille reste donc un monument à restaurer de toute urgence...  Et si Jean Baptiste par ce livre nous donne le courage de réinventer la famille ? Mais il peut être fier désormais de faire partie de cette famille des écrivains talentueux avec un grand avenir devant lui.

Message perso : Jean Baptiste Del Amo, votre prochain livre un peu plus long, s'il vous plait... Il manquait bien 400 pages à ce livre... Trop court... Les meilleurs livres sont toujours trop courts... J'ai pu apprécier le chemin parcouru entre "le débutant" que j'ai rencontré et le pensionnaire de la Villa Medicis que vous êtes devenu.





Aucun commentaire:

LinkWithin

Related Posts with Thumbnails