Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

samedi 17 juillet 2010

Hommage à Bernard Giraudeau l'écrivain...




"Mais ce n'est qu'un rôle et je ne me reconnais plus. Ce n'est pas un personnage de théâtre qui souhaite avidement vous tenir dans ses bras, c'est un homme nu, sans costume aucun, sans texte appris par coeur, sans mise en scène longuement élaborée qui veut briser tous les miroirs pour découvrir derrière les éclats de sa vie la femme et l'amour qui s'échappent depuis si longtemps, la fiction dans laquelle je vis encore.
Il m'a semblé vous entendre murmurer que j'aime les femmes comme un misogyne qui ne reconnaît en elles ce qu'il décide de leur attribuer, et non ce qu'elles sont vraiment. Mais c'est odieux , vous ne savez rien de moi. Vous êtes ma réalité et c'est dans l'aujourd'hui accepté que je vous verrai enfin. Ce sera ma force et ma guérison. Je sais bien que mon avenir est un fil de soie fragile mais nous serons des funambules assez légers pour ne pas le briser

Il faudra être vigilant, comme au théâtre, inventer chaque jour, ne pas l'adversité prendre le pouvoir.
Saurai-je révéler comme tu me révèles ? Tu ne ressembles à personnes et si j'ai cru te reconnaître ce n'était qu'en imagination.
Et puis, un jour, à la sortie d'une projection, j'ai vu un gros nuage noir qui venait de s'empaler sur la tour Eiffel. Il attendait un vent salvateur pour le délivrer.
Je suis entré dans le petit café d'en face et il y a eut la grâce, aucun mot n'existe pour la décrire que celui-là, la grâce, c'est-à-dire la secrète harmonie.
Je vous ai reconnue, vous la parfaite, je veux dire parfaite inconnue.
Je me suis approché et vous ai dit : j'ai beaucoup écrit, je n'avais pas votre adresse. Je vous donnerai tout cela si vous le souhaitez. Vous êtes ma vie depuis si longtemps. Je vous ai si longuement recherchée dans le monde entier, dans la jungle amazonienne et philippine, les déserts chiliens, les mers rouges et bleues, les montagnes malgaches, les ports de ma jeunesse, les bars, les bordels, les soirées mortelles, les nuits de brèves jouissances, de dégoût, de colère. Je vous ai cherchée dans les aubes sans nuage, les aubes prometteuses, les aubes menteuses, les aubes merdeuses les aubes de cafard noir, les couchers de soleil définitifs. Je donne tout cela pour un regard de vous.
Vous me lirez que l'homme d'avant, pas celui que vous venez de rencontrer et qui ne sait pas lui-même encore qui il est. Auriez-vous la patience ?
Ainsi commence ce jour le vrai voyage de ma vie puisque ce qui fut vécu n'était qu'un rêve effleuré;"

"Cher Amour" Bernard Giraudeau

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