Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

dimanche 15 août 2010

"Lettre à mon chien" François Nourissier.

Polka a 8 ans en 1974 quand François Nourissier écrit sa lettre pour elle. Polka est sa chienne Teckel. De cette lettre, il fait le bilan de toutes ces années aux côtés de celle qui lui transmettra cette "maladie du sentiment". 

Un amour vrai le liera avec elle. Elle est toujours à ses côtés sauf quand il écrit. Une vraie héroïne. Elle l'aidera, lui indiquera le chemin de la vraie vie.  J'aime lire et relire ce livre.  Quand je lis ce livre, je suis à côté d'un homme que j'aurais aimé connaître. Derrière son apparence bourrue, dure, d'homme important, il y avait sûrement un être tendre et simple. Capable d'être mené par le bout du nez par cette petite chienne. Sa petite reine. Un document bouleversant. Qui l'est encore plus quand on sait l'état de santé de l'écrivain. Il m'arrive même de prier qu'il rejoigne sa petite Polka. Mais bon, elle l'attend au ciel, impatiente de retrouver son maitre.  Vraiment je conseille aux gens qui n'ont pas lu un seul de ses livres, de commencer par ce livre. Petit, facile de lecture. Une méthode pour s'imprégner du style Nourissier. J'ai toujours une petite boule quand je finis un livre d'un de mes auteurs favoris mais ce livre me laisse à chaque fois très songeuse. 

En plus vous entrez dans l'intimité de François, il vous ouvre non seulement les portes de sa demeure, mais aussi celle de son cœur. Et ceci mérite tout le respect.


"Je suis naïf ? Oui, et même sot si vous y tenez : je trouve que nous manquons singulièrement de mépris.
Il y a en France pénurie de rigolade, disette d'irrespect. Nous nous passionnons pour des batailles de nuages, un théâtre d'ombre et de simulacres. J'écoute parler nos candidats maîtres et le rouge me vient aux joues, comme si ma fille commettait une fausse note dans un concert de collégiennes, ou mon fils, une ânerie dans un de ses premiers diners d'adulte. Comment peut-on se compromettre, se découvrir, se défoncer pour ça ? Enfin, ne nous emballons pas. Mais faites excuse. Je préfère décidément dialoguer avec mon chien. Vous l'avez compris : c'est là l'autre sens symbolique et possible de cette intéressante correspondance. Elle remet les choses à leur vraie place, leur attribue vraie valeur. Comparée à la qualité moyenne des sentiments disponibles sur le marché - les déclarations d'amour électorales ne sont qu'un exemple spectaculaire -, l'amitié d'un chien vaut de l'or. Je propose d'appeler demain les abstentionnistes (toujours l'allégorie électorale) non pas pêcheurs à la ligne mais caresseurs de chiens. L'idée générale est la même - de préférer au remue-ménage les immobilités du paysage et du bouchon, la verte indifférence des  rivières -mais la gentillesse et l'innocence de Polka et de ses compatriotes y ajoutent une note charnelle, un frémissement de vie qui me plaisent. Contre les humains de mon temps et de leurs jeux, j'ai conclu alliance avec le peuple chien." p156/157

Ecrits toujours d'actualité 36 ans après hélas....

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