Yves Viollier "Raymonde"

Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'efforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"

«Je ne suis pas assez méchante pour me donner en exemple» Sab plagiant Louis Ferdinand Céline

dimanche 25 septembre 2011

"L'heure et l'ombre" Pierre Jourde




«J'ai toujours été un champion de l'oubli. Les visages et les épisodes de ma vie passée, pourtant courte, manifestent une étonante faculté de disparition. Je n'avais plus conscience d'avoir vécu quelques saisons de mon existence dans une atmosphère de magie, à l'intérieur de ce que désignait ce chuchotement»

On n'oublie jamais son premier amour.

C'est une évidence et Pierre Jourde nous l'atteste par son livre.
 
Le narrateur est un jeune médecin de 26 ans qui décide d'aller faire un pélerinage sentimental à St Savin, station balnéaire, décors de ses vacances d'enfant puis d'adolescent puis surtout de son premier amour "Sylvie". Il y retourne avec Denise, son amie pour qui St Savin lui rappelle l'histoire d'une petite fille vivant seule avec son père malade mental. 

Il part donc à la recherche de cette Sylvie qui a du devenir une magnifique femme...

Cela deviendra son obsession, son rayon de lumière à sa morne existence. Un livre fabuleux, cela m'a fait penser aux textes étudiés de de Nerval SURTOUT un que j'avais passé en oral au Bac

Fantaisie

Il est un air, pour qui je donnerais,
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber.
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets!

Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit...
C'est sous Louis treize; et je crois voir s'étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit;

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre les fleurs;

Puis une dame à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue...et dont je me souviens! 

 Je n'ai pu qu'avoir en tête le texte sublime de Nerval... La métempsychose... Le souvenir de Sylvie qui reviendrait des morts. Une lumière foudroyante, qui vous éblouit. Ces images jaunies par le soleil et aussi par l'effet de la vieillesse qui donne un semblant de vie dans le coeur du narrateur. Un souvenir tellement magique qu'il en devient vertigineux. Jusqu'au réveil cruel...

Un livre passionnant, passionné... Pierre Jourde nous livre l'intime de son être... Un être attachant et sensible, loin du cliché de personne hautaine, sure d'elle qu'il trimbale.

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